Océan Indien

Bali, l’île contrastée…

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Nous nous faufilons dans la passe, les bancs de corail brisent aussitôt la mer, tout redevient calme. Xavier, qui exploite ici un catamaran Ocean Voyager Fast 62’ construit à Rochefort dans le chantier dont je m’occupais encore il n’y a pas si longtemps, approche avec un Zodiac. Il nous guide jusqu’à une place insolite, à couple d’une épave flottante, un grand catamaran sans mât qui doit être le résultat d’erreurs conjuguées et majeures d’architecture et de construction navales. Un emplacement idéal pour nous, calme et protégé, une annexe géante pour Jangada, que les enfants vont rapidement coloniser…

 

Bali, nous sommes à Bali !

Barbara : "Faute de place dans la minuscule marina, nous sommes amarrés à couple de ce bateau raté, qui constitue une spacieuse plate-forme que Marin et Adélie vont rapidement transformer en annexe-salle de jeux durant notre séjour. Xavier nous a présenté Moody, un Balinais débrouillard, à qui nous avons loué pour toute la durée de notre séjour une voiture à un tarif super compétitif. Moody nous rendra par ailleurs plein de petits services qui faciliteront notre escale à Bali. Faute de pouvoir aller s’amarrer à quai, Olivier fera embarquer avec des bidons pas moins de 1 000 litres de gas-oil dans nos deux réservoirs, au prix imbattable de 5 500 roupies le litre, soit 45 centimes d’euro ! Ce qui est appréciable à Bali, c’est la disponibilité et la notion de service partagée par les Balinais. Tout est non seulement possible, mais très souvent l’efficacité est au rendez-vous. Et le sourire de mise !

Bali, petite île de plus de 3 millions d’habitants, est le seul territoire hindouiste dans l’immense archipel indonésien très essentiellement musulman. La version balinaise de l’hindouisme est cependant assez éloignée de celle de l’Inde, c’est plutôt un amalgame entre hindouisme, bouddhisme, anciens cultes malais, mêlés de certaines croyances animistes. Ce syncrétisme est très fortement enraciné dans la vie quotidienne des Balinais. Et c’est ce qui fait le charme et l’intérêt de cette île très touristique, puisqu’elle a su, malgré ses nombreux visiteurs qui sont heureusement cantonnés dans des endroits déterminés de l’île, créer et préserver des rites et une culture unique au monde. J’ai particulièrement apprécié le caractère serein et tolérant des Balinais. Ici, le culte est particulièrement bien intégré à la vie quotidienne des habitants.

Les Balinais semblent le partager avec un même naturel. Les rites religieux et les prières sont un devoir quotidien, et l’on y lit à chaque instant aussi bien la ferveur religieuse que l’habileté manuelle des habitants dans la confection des offrandes, auxquelles un Balinais peut consacrer couramment 40 % de ses revenus ! Certains rites relèvent même plutôt de l’animisme. Nous avons assisté, au hasard de nos visites dans l’île, à différentes cérémonies, toutes hautes en couleur.

Les sacrifices d’animaux sont sans doute l’aspect qui nous interpelle le plus, nous, Occidentaux. Du chien sacrifié au canard lancé à la mer avec les pattes lestées de petites pierres pour qu’il se noie doucement après avoir lutté pour sa survie, du cochon artistiquement découpé en fines lamelles de lard ornées de piments rouges aux complexes figurines de fruits et légumes, l’hindouisme balinais ne manque pas de surprendre. Entre autres par ses contrastes : d’un côté, un peuple très tolérant, très accueillant, qui vous accepte facilement au milieu de ses rites religieux ; de l’autre, une certaine rudesse qui peut consister à couper la tête d’un canard dans la rue pour aussitôt asperger de son sang les environs de la maison familiale… La religion est omniprésente à Bali, où des temples existent dans chaque village, des autels dans chaque champ. Chaque matin, les Balinais déposent avec ferveur leurs offrandes pour rendre hommage aux bons esprits, et en laissent d’autres ici et là pour apaiser les mauvais. Tous les matins, lorsque nous débarquions sur le ponton, nous étions sûrs de trouver ces jolis petits plateaux d’offrandes, disposés par le gardien de nuit au petit jour. Ce rituel plein de grâce et très esthétique se pratique dans toute l’île. Presque chaque village possède au moins trois temples : le temple le plus important, le pura puseh, est dédié aux fondateurs du village, le pura desa est consacré aux esprits qui protègent la communauté dans la vie quotidienne, et le pura dalem est le temple consacré aux défunts. Les familles honorent leurs ancêtres dans le temple familial, et leur clan dans le temple clanique. Chaque village, chaque clan a son propre calendrier des célébrations, ce qui nous a permis d’assister, à plusieurs reprises, à de nombreux préparatifs et processions dans différents endroits de l’île, dont une cérémonie sur la plage de Tugu, à l’ouest.

 

Dans les rizières à l’est de l’île…

Les rizières de l’île de Bali sont tout le contraire des quartiers de Kuta, Seminyak ou Sanur. Je veux dire par là qu’on n’y rencontre pratiquement aucun touriste. Pas d’agitation, ni voiture, ni pétrolette, aucune boutique Rip Curl ou Quiksilver… Une grande partie des terres cultivables de Bali est consacrée à la riziculture. Le riz est récolté à la main par une main-d'œuvre principalement féminine. Une nuit, nous avons dormi dans une guest-house dans l’est de Bali, du côté d’Abadi. J’ai adoré me lever au petit jour, sortir sur la terrasse de notre petite paillote noyée dans la végétation luxuriante, au milieu des hortensias et des frangipaniers, et regarder simplement le soleil se lever sur les collines dans l’est de l’île, au-dessus d’un magnifique paysage de verdoyantes rizières en terrasse. Ces paysages émouvants renvoient à une culture millénaire. Il s’en dégage une grande sérénité, une grande douceur. Le riz, la vie…

 

Surf riders à l’ouest…

Les spots de surf sont légion à Bali. L’île et sa voisine Lombok ne manquent pas d’attraits pour les surfeurs du monde entier. La géographie des lieux et les conditions météorologiques assurent en cette saison la permanence de spots de surf de bon niveau, et parfois même d’un niveau tel que les breaks sont réservés aux surfeurs les plus expérimentés. Les vagues lèvent et brisent sans fin sur les côtes sud de Bali. Il n’est pas rare qu’elles fassent 5 à 6 mètres de haut. Certains spots de Bali sont parmi les plus connus au monde : Ulu Watu et Padang Padang à l’ouest, Nusa Dua à l’est, ou encore Impossible Beach au sud.

Les enfants ont surfé un peu plus au nord, sur les plages de Tugu Beach, Echo Beach et Kuta, aux breaks plus abordables. Et nous avons bien sûr traîné nos tongues à la Surf Factory, et dans le joli magasin Rip Curl de Sunset Road. Mais aujourd’hui, nous avons décidé d’aller voir Ulu Watu et Padang Padang, à l’extrémité sud-ouest de l’île. Nous montons tous les quatre dans notre 4x4 Daihatsu, et en route pour la péninsule de Bukit. On y rencontre une faune particulière, celle des surfeurs de tout poil, et de toutes nationalités. Avec majoritairement des Australiens, des Brésiliens, et des Français. Quelques Indonésiens aussi. Et puis tous les autres. Les surfeurs arrivent avec leurs girl-friends, et les Brésiliennes, à ce petit jeu, sont les plus voyantes… Les plus dénudées également. Tout ce petit monde sent la crème solaire, les hamburgers et la bière. Il y a quelques beaux surfeurs bronzés et musclés, mais ceux-là ne sont pas majoritaires. Beaucoup sont blancs, limite rouges, tendance embonpoint. Trop fraîchement débarqués du zinc pour être séduisants, trop bien nourris aussi peut-être…

Le moyen de transport le plus utilisé par les surfeurs est le scooter, équipé ici de supports latéraux pour y loger la planche de surf. La nourriture n’est pas chère, un repas coûte 50 000 roupies (moins de 5 euros), et le coin est truffé de guest-houses. Certains passionnés viennent de l’autre bout du monde pour y séjourner plusieurs semaines.

 

Retrouvailles prémonitoires…

A Bali, nous aurons le plaisir de retrouver des amis rochelais, et leurs deux enfants. Après deux ans de séparation et trois océans, le contact entre les kids se renoue avec facilité et simplicité, ce qui apparaît de bon augure pour notre retour dans 10 mois… Nous recevons des nouvelles fraîches de chez nous, qui nous font plaisir, mais nous projettent aussi un peu plus dans la séquence retour du voyage. Marin et Adélie sont heureux et rassurés de constater que le courant passe vite et bien avec des ados sédentarisés de leur âge. A bord, depuis quelque temps, ils s’inquiètent souvent de savoir s'ils ne seront pas complètement décalés à leur retour, du fait de la drôle de vie qu’ils mènent avec leurs parents depuis des mois… Bali restera sûrement parmi les escales hautes en couleur de notre voyage. Elle fut un heureux mélange d’impressions, de découvertes et de rencontres."

 

Notre séjour à Bali touche à sa fin. Je regarde de plus en plus souvent la carte marine de l’océan Indien sud. Sur le routier océanique version papier, mon œil s’est arrêté sur de minuscules îlots dont je connais l’existence depuis longtemps. Christmas Island d’abord. Puis le petit archipel des Cocos Keeling. Des mots qui fleurent bon l’exotisme. Notre route de retour vers l’Europe via l’Afrique du Sud va désormais s’infléchir vers le sud-ouest et quitter l’archipel indonésien. L’océan Indien, pas toujours facile, nous attend, mais nous y prendrons, comme souvent, le chemin des écoliers…

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