Technique

Le mouillage

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Qui n’a jamais eu une petite appréhension, au moment de s’endormir ou une fois à terre, en quittant des yeux la baie où leur merveille (on parle bien ici de votre bateau) se balance nonchalamment au bout d’une chaîne, elle-même reliée à cette dite terre par un bout de métal de quelques kilos communément appelé ancre ? Que celui qui n’a jamais dérapé me jette le grappin ! Que celui qui n’a jamais rencontré de problèmes électriques au moment de remonter le mouillage me conte sa croisière féerique. Alors, intéressons-nous de plus près aux éléments principaux constituant le mouillage sur un catamaran moderne de 40 à 50 pieds : l’ancre, la chaîne, le guindeau et l’énergie nécessaire.

Diagnostic Mouillage

Avec un bon mouillage, on profite de l'instant sans stress…

L’ancre

Tout d’abord pour l’ancre (de 15 à 25 kilos), les charrues modernes à pointes lestées ont démontré leur efficacité en s’ensablant plus vite que les anciennes, et surtout en dérapant très progressivement sans décrocher quand les conditions viennent à forcir. Seule contrainte, elles fonctionnent mieux avec une longueur de chaîne de quatre ou cinq fois la hauteur d’eau et non de trois, comme on le dit (à tort) généralement. L’alternative est l’ancre plate, sachez qu’elle tient très bien dans le sable, moins bien dans un terrain d’algues, mais surtout choisissez un modèle à long jas qui permettra à l’ancre de se replanter dans l’autre sens à coup sûr lors d’un évitement de 180°. Dans tous les cas, veillez à la possibilité d’arrimer un orin, câblot ou de la chaîne pour empenneler. Enfin, pour l’avoir expérimenté, il est conseillé d’avoir à son bord une ancre plate légère (justement à long jas) et un bout plombé (ou un peu de chaîne et du câblot), qui sont bienvenus lorsque que vous rencontrez une panne, ou le temps d’intervenir sur le mouillage principal.

Diagnostic Mouillage

L’ancre plate à long jas est recommandée pour les mouillages où l’on évite beaucoup. Le bras aide l’ancre à se replanter dans l’autre sens.

La chaîne

Si l'on peut toujours prendre une ancre un peu plus lourde ou un modèle différent, pour la chaîne en revanche, on est tributaire du diamètre qui passe dans la poupée du guindeau ainsi que des normes : Iso pour l’Europe et Din pour les Amériques. Autant dire qu’il faut prendre des précautions dans le mesurage de la chaîne en le faisant sur plusieurs maillons, car la différence n'est pas toujours évidente du premier regard. En cas de renouvellement de la chaîne en cours de route, il peut être plus facile de faire venir un barbotin d’Europe que 200 kilos de chaîne Iso dans une île des Caraïbes. D’autre part, beaucoup sont tentés de passer du 10 mm (2,2 kg/m) au 12 mm (3,3 kg/m) afin d’avoir un poids métrique et une résistance plus importante. Mais voilà, ce changement implique très souvent de remplacer le barbotin, voire le guindeau, ce qui tombe à pic s’ il est en fin de vie, mais est rédhibitoire s’il est neuf ou si vous manquez de place pour un plus gros. Vous pouvez aussi opter pour une chaîne haute résistance grade 70, qui vous permettra de réduire la taille et l’encombrement tout en gardant la même charge de travail et de rupture, mais vous aurez du poids en moins.

Diagnostic Mouillage

L’ancre charrue moderne présente de bonnes qualités d’enfouissement, mais surtout ne dérape que très progressivement sans décrocher brutalement.

Le guindeau

Pour le guindeau, vous l’avez compris, mieux vaut un modèle sur lequel le barbotin se remplace aisément. Après cela, le choix est possible entre un vertical et un horizontal, tous deux pouvant être munis d’un cabestan servant à hisser les voiles ou pour reprendre un bout. Ce choix va être guidé par la morphologie de l’emplacement du guindeau, de la place disponible dans la baille à mouillage et de l’angle de tire entre sa poupée et le davier. Sur un guindeau horizontal, la chaîne ne s’enroule sur le barbotin que de 90°, alors que sur un vertical, elle fait un demi-tour, soit 180°, avant de tomber dans la baille. Il est nécessaire que le davier soit au moins à la même hauteur que la poupée, et s’il est plus bas, comme pour ceux traversant la nacelle, son emprise plus importante entre 100 et 140° sera plus efficace. Si le davier sur la poutre avant est légèrement plus haut que la nacelle, alors un vertical reprendra mieux les efforts… à condition que la baille soit suffisamment profonde, car son moteur est sous le pont. Il vaudra mieux d’ailleurs l’isoler des coups de chaîne par une petite cloison ou un caisson aéré. Pour l’humidité, moins d’inquiétude qu’auparavant, des moteurs étanches sont maintenant disponibles, répondant à la norme IP67, mais uniquement en vertical pour l’instant. Donc, l’implantation est sérieusement à considérer pour le choix du système.
Question puissance, optez pour la plus grande possible pour moins forcer et être moins gourmant en énergie. On peut considérer que 1 000 watts seront bien calibrés pour un navire de 40’ et 1 500 watts pour un 50’ ayant une charge de travail respective de 200 et 300 kilos, ce qui correspond dans les deux cas au poids d’un mouillage complètement filé, soit l’ancre plus 80 m de chaîne. Côté accessoires, ne vous privez de rien ; le bloqueur de chaîne, si vous n’avez pas de patte d’oie, préserve le guindeau, et un barbotin mixte (chaîne/cordage) permet de mouiller à l’anglaise (un peu de chaîne et beaucoup de câblot pour amortir). De même, la télécommande manuelle permet de mieux surveiller les opérations, et le contacteur au pont est très utile pour actionner le cabestan au pied lorsque que vous embraquez un bout. Le compteur de chaîne quant à lui facilite la communication entre le barreur et l’équipier, à moins que vous ne le preniez avec la commande au poste de barre. Après tout, vous n’êtes là que pour le plaisir. Enfin, et à moins que vous n’ayez décidé d’élire domicile dans ce magnifique lagon bleu immaculé, choisissez un guindeau muni du kit de remontée manuelle, qui peut le plus peut le moins, surtout quand on est tout seul dans ledit lagon du bout du monde.

Diagnostic Mouillage

Sur ce Privilège, l’affaire a été prise au sérieux. Les deux poupées dépassent du pont une fois les capots fermés afin de les utiliser comme cabestan.

L’énergie

Il faut bien dire que les parcs de batteries de nos catamarans actuels sont sans commune mesure avec ceux de nos premières amours, et les moyens de recharge (solaire, éoliennes) ont considérablement évolué. Un usage intensif du guindeau est donc largement possible avec un parc raisonnable et bien chargé (un 1 000 watts va consommer environ 6 à 8 ampères pendant les deux minutes nécessaires à ramener un bon mouillage (30 mètres de chaîne et 150 kilos). Il est indispensable au moment de l’arrachage d’avoir le moteur en marche, et donc un peu plus de tension, car c’est un moment où il y a une crête de consommation prise en charge par un disjoncteur thermique spécifique. Si vous n’avez pas confiance dans les petits énergivores de votre bord, il est toujours possible de dédier une batterie à cet usage unique et l’isoler du reste. Ce n'est pas seulement l’énergie disponible, mais surtout le montage, qui est primordial pour couler des mouillages heureux et des appareillages sereins. Section de câblage, disjoncteur et relais, étanchéité des contacteurs, coupe-circuit et tableau de commande, mieux vaut suivre les recommandations des manuels de montage à la lettre afin d’éviter tout fâcheux court-circuit, toute perte de puissance, qui peuvent endommager sérieusement le guindeau.

Diagnostic Mouillage

Un davier supplémentaire sur la poutre avant peut être appréciable pour mouiller une ancre légère montée sur un bout plombé ou une ligne chaîne/cordage.

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