Numéro : 230
Parution : Avril / Mai 2025
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Depuis deux ans, le Caribbean Multihull Challenge a mis en place à Saint-Martin, en plus de celle qui rassemble les régatiers, une seconde division baptisée Rally. Les participants sont invités à naviguer et à se mesurer à la voile sur un itinéraire attrayant tout en profitant de soirées animées. Cette année, Gwen Dorning a donc choisi de s’intéresser d’un peu plus près aux 9 participants et à leurs équipages épicuriens…
Pendant qu’Emmanuel van Deth couvrait la division Race, j’ai donc été chargée de suivre les participants de la classe Rally. L’objectif était, pour cette édition 2025, de partager avec vous les deux ambiances offertes par un même événement – je vous invite d’ailleurs à (re)visionner les Shorts (courtes vidéos verticales) que nous avons postées quotidiennement.
Arrivée à Saint-Martin l’avant-veille de l’événement, j’ai pu découvrir tous les préparatifs et assister aux différentes réunions et à l’attribution des rôles de chacun. A la fin de la journée, chacun confirme disposer des numéros de téléphone des autres, et des groupes WhatsApp sont créés afin de s’assurer que les messages importants soient bien relayés aux participants. Ce n’est assurément pas si simple de mener en même temps deux flottes de multicoques qui vont incessamment se « quitter »… Pour l’heure, je prends mes (très confortables) quartiers à bord d’un Moorings 464PC flambant neuf.
Place maintenant à la conférence de presse de cette nouvelle édition du CMC : c’est l’occasion de rencontrer les officiels de Saint-Martin et de découvrir quelques multicoques d’exception qui se joignent à la course, tels que le HH66 d’Adrien Lee, Lee Overlay Partners III, ou encore le Gunboat 72 d’Andrew Joos, Layla. Nous retrouverons également quelques skippers bien connus, comme Marc Guillemot sur le MG5, et Pierre Altier, chef de file des Diam 24. C’est enfin l’occasion de décerner le prix d’Environment Hero of the Year – cette distinction est une initiative lancée l’année dernière afin de mettre en avant les acteurs clefs de la protection de l’environnement sur le territoire de Saint-Martin.
Multicoques Mag étant le sponsor presse officiel de l’événement, nous disposons d’un petit stand sous la tente dédiée aux inscriptions des multicoques. Je m’installe donc avec mes magazines et cartes de visite pour partager notre passion avec les skippers et leurs équipages qui se présentent aujourd’hui.
Le briefing des skippers remet du sérieux dans le brouhaha des retrouvailles. Petro Jonker, le directeur de la course, prend la parole pour confirmer le programme de la première journée, ainsi que les fréquences VHF à utiliser, les règles de sécurité, l’heure de départ, etc. Demain, l’aventure commence !
Pour la flotte de la division Rally, nous ne procédons pas à un départ classique de régate ; nous communiquons un horaire de départ à chaque concurrent qui est calculé suivant le rating (un coefficient qui intègre la vitesse théorique) de chaque multicoque et la route à parcourir. Je découvre que le Lagoon 380 Bayla a embarqué un équipage 100 % féminin qui ne rate pas une occasion de faire le show – c’est la fête du matin au soir à bord !
Pour nous tous, il s’agit de rejoindre Phillipsburg, où des jeux de plage ont été organisés pour l’après-midi. L’alizé est établi à 15/ 20 nœuds quasiment dans l’axe de la route, obligeant les concurrents à louvoyer. Mais il ne s’agit que d’un tour de chauffe, car la distance est relativement courte. Plus tard, tous les équipages, y compris ceux de la division régate, sont conviés à l’heure du coucher de soleil – magnifique sur la baie – à découvrir les classements du jour, à partager un apéritif et enfin à admirer un feu d’artifice.
Après une nuit très calme au mouillage, les affaires reprennent ; notre powercat fait office de marque de départ et je me prends au jeu de l’organisatrice zélée, toujours une VHF portable à une main et de quoi filmer de l’autre. Notre flotte progresse d’abord au portant – sous spi pour les multicoques qui en ont un – vers Simpson Bay pour rejoindre la partie française de l’île ; Marigot défile sur notre tribord, tandis qu’on découvre l’île toute plate d’Anguilla en face. La fin de la navigation se déroule au près, mais la mer se limite à un gros clapot grâce à la protection de Saint-Martin. Anse-Marcel n’est heureusement pas bondée – la zone de mouillage n’est pas immense. Il y a un peu de ressac, mais, à bord d’un multicoque, qu’il soit à voile ou à moteur, le roulis est très amorti. Les organisateurs ont prévu à terre un apéro et une soirée ; ce type de réjouissances permet que les différents équipages se rencontrent, échangent et, pourquoi pas, deviennent amis !
Ce matin, on retrouve Emmanuel et tout le staff presse et photo : avec leur bateau jaune, ils ont traversé le lagon pour gagner du temps et éviter une bonne partie du clapot du large. Nous partageons rapidement un café, car les premiers départs sont imminents. Une brève averse est complétée par un arc-en-ciel tandis que les plus petits ratings s’élancent dans un clapot déjà bien formé.
Plus au large, la mer est plus forte encore, mais tous les équipages pointent courageusement leurs étraves vers Saint-Barth au près serré. L’île Fourchue assure une première protection avant que la flotte se rapproche de Gustavia. Les équipages se retrouvent une fois de plus à terre – d’abord pour assurer les formalités de clearance et ensuite pour festoyer – encore ! Malgré les averses, impossible de ne pas succomber au charme que dégage cette île magique…
Toutes les bonnes choses ont une fin… moi, je serais bien restée quelques jours de plus à Saint-Barth ! Une fois la procédure de départ bouclée, nous relevons notre mouillage et progressons à bonne allure vers Simpson Bay. Certains concurrents sous spi tiennent en effet les 10 nœuds, et notre objectif est bien sûr d’assurer la ligne d’arrivée. Nous avons fait en sorte que les concurrents la franchissent au plus tard à 13h30, car le pont levant est ouvert à 14 h, puis bien plus tard dans l’après-midi. Certains multicoques préfèrent rester à l’extérieur – ce qui est parfait pour se baigner, par exemple – mais il y a un peu de houle et le débarquement en annexe est fastidieux. Mouiller dans le lagon offre une tranquillité totale et un accès à terre plus aisé.
Au coucher du soleil, l’ambiance monte d’un cran au pied du Yacht-Club ; c’est dans la grande tente que tous les équipages et organisateurs se retrouvent pour une remise des prix suivie d’une soirée mémorable.
Pour sa sixième édition, le CMC n’a pas établi de record de participation, avec 23 multicoques inscrits. En revanche, l’ambiance sur l’eau comme à terre n’a sans doute jamais été aussi excellente. L’alizé, en grande forme puisque établi entre 20 et 25 nœuds, y est sans doute pour quelque chose… Si ce programme de rêve vous tente – à titre personnel comme professionnel, car les constructeurs sont les bienvenus – le CMC millésime 2026 est programmé du 29 janvier au 1er février.
Corsair 37 - Honey Badger
Lagoon 380 – Bayla
Balance 442 - Talidr
Bali 4.5 – TBD
Leopard 47 - Seaduction
Balance 482 – Rhythm
Leopard 50 – La Novia
Aura 51 - What’s Left
Perry Antrim 52 – Little Wing
Les 5 inscrits en CSA 1 se sont offert des superbes parcours vers Saba, Saint-Barth et Anguilla. Le HH66 Lee Overlay Partners III – ex-Nemo – a assuré le spectacle avec d’impressionnants levers de coque et surtout des pointes à près de 30 nœuds. Le Gunboat 72 Layla n’était pas en reste, puisque son GPS a enregistré une top speed à 24,5 nœuds. Le premier catamaran à flybridge du constructeur de La Grande-Motte s’impose d’ailleurs en temps compensé au général. La flotte des Diam 24 a bien sûr été durement éprouvée par les conditions musclées, mais là aussi, le spectacle était au rendez-vous. Dans cette furie d’embruns et de runs endiablés, l’équipage d’Anomaly s’est imposé très nettement, ne laissant aucune possibilité de remontada à ses adversaires.


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