Multicoques Match

Prévention des collisions et des impacts en grande croisière ou hors pistes

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Catamaran de croisière dans la banquise, une illusion ?

Par Philipp Cottier, catamaran Libellule (passage du NW et expédition antarctique)

En 2013, nous sommes partis avec nos trois filles et notre catamaran Libellule (un Salina 48’ de Fountaine Pajot) au Groenland pour franchir le fameux passage du Nord-Ouest. Avant que nous entreprenions cette aventure, nombreux étaient les sceptiques pour affirmer que se lancer dans la glace en catamaran relevait de la folie. Ils avaient sans doute raison, car un cata de croisière est prévu pour les Caraïbes, et pas pour une navigation polaire ! Pas seulement parce qu’il est en polyester, mais aussi parce que la largeur et les deux coques rendent la progression dans la glace plus complexe. Le plus grand risque vient de la banquise, toujours imprévisible, mais aussi des growlers et bergy bits issus des icebergs. Notre choix s’est porté sur un catamaran parce que nous n’avions tout simplement pas d’autre bateau à disposition ! Mon entêtement suisse aidant, je voulais quand même absolument faire ce parcours, dont je rêvais depuis l’enfance ! Le voyage a été minutieusement préparé. Deux amis skippers français très expérimentés, Yves German et Sylvain Martineau, sont venus avec nous. Nous avions mené de nombreuses discussions avec plusieurs ingénieurs à La Rochelle, notamment pour explorer les quatre scénarios suivants : Impact crash (taper en situation de vent fort dans un growler qu’on n’a pas vu à cause de l’écume des vagues) : nous avons donc renforcé les crash boxes avec sept couches de Kevlar. Cisaillement des étraves par de la banquise coupante : les peaux de coques ne sont pas très épaisses et pas prévues pour cet usage ; nous avons donc appliqué deux couches de Kevlar le long des étraves. Compression verticale (être comprimé par la banquise de l’avant vers l’arrière) : normalement, le bateau devrait s’élever par-dessus la glace grâce à la forme des étraves et monter dessus, nous avons tout de même renforcé les tubes de jaumières des safrans. Compression latérale (être comprimé par la banquise était le scénario le plus compliqué, car nous n’étions pas sûrs du tout que le cata s’éléverait au-dessus de la glace ou s’il serait broyé) : nous avons renforcé les coques avec des varangues supplémentaires.

Nous avons surtout investi dans la communication satellitaire pour pouvoir charger les cartes de glace et météo en permanence, ce qui s’est avéré vraiment très utile. Notre investissement dans un chauffage a été en vain, car, par ces températures, les surfaces en simple vitrage posent un problème d’isolation. Autre outil de défense active : deux mâts de planche à voile pour pousser la glace à la main dans les passages serrés. Nous avions déjà testé ensemble le bateau en 2011 au Groenland du Sud, et affronté pour la première fois les dangers de la banquise. Cette première expérience nous avait tous (enfants et adultes) complètement fascinés, et nous avait donné l’assurance pour affronter le défi ...

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