Océan Indien

Nos lecteurs autour du monde : Surf trip en catamaran

Créez une alerte e-mail sur le thème "Océan Indien"

Départ de la 1re étape : cap sur Pulau Weh

L'objectif était de trouver de bons spots de surf…

22 h 30 :  embarquement sur le quai de la marina de Yacht Haven au nord-est de l’île de Phuket avec une bonne météo qui nous annonce du vent nord-ouest voire ouest à 10 nœuds, ce qui me permettra de filer sous GV + gennaker à une moyenne de 9 nœuds pendant que mon ami tout juste débarqué de l’avion se repose.

Au petit matin, nous sommes déjà au large, mais le vent est retombé. Il nous faut patienter, ce sont les aléas de la voile, attendre les risées. Fin de matinée, retour du vent. Je peux enfin aller faire un somme de 3 h, et laisser Mianoy sous pilote automatique à mon équipier.

Pendant les traversées, la météo a parfois été capricieuse…

Après une traversée de 2 jours toutes voiles dehors et un peu d’aide moteur sur la fin, nous arrivons sur Pulau Weh.

Nous avons fini de croiser les gros tankers et autres porte-containers dans le détroit de Malaca à la nuit. La vigilance est de mise en traversée de nuit, voire un peu flippante parfois par manque de visibilité, et sans AIS sur notre petit cata.

Welcome to Sumatra

2 h du matin, nous nous présentons à l’entrée du port de Sabang. Bien nous a pris d’affaler suffisamment tôt, car un gros orage nous attend aux abords des côtes. Drôle de manière de souhaiter la bienvenue avec ce feu d’artifice de foudre qui tombe pas loin du bateau à deux reprises, une pluie façon nettoyeur haute pression, et vent aux environs de 35 nœuds. Une coupure générale d’électricité sur la côte nous prive de repères ; malgré le manque de visibilité, j’ai en visuel la bouée d’entrée bâbord... Une heure plus tard, nous sommes au mouillage, et, comme un fait exprès, le temps revient au calme. 

Les dauphins viennent jouer dans les étraves du Catathaï 34. Toujours un grand moment !

Les formalités administratives à l’indonésienne

Le lendemain, l’épreuve des formalités nous attend. "Indo style", c'est-à-dire planquez l’alcool ou préparez-vous à donner des échantillons. Le dogme institué ici, c’est la charia. Donc l'alcool est interdit mais… certains n’y résistent pas ! Comme quoi les interdits ne valent que si on peut les transgresser.

Pendant ces formalités, il ne faut surtout pas être pressé, l’ambiance est bon enfant (enregistrement avant votre départ possible via Internet, ce qui facilite les chose s: https://yachters-indonesia.id). On se débrouille en anglais et eux aussi, donc tout va bien, mais il nous faudra quand même la journée pour faire le tour des administrations.

Il faut dire aussi que c’était un vendredi, jour de prière ; au retour, on ne mettra que la matinée.

Pensez à prendre une carte SIM avec un forfait Internet 3G, ce n’est pas cher et ça marche partout, aux abords des côtes, bien sûr.

2e étape : Lok-Nga, au sud de Banda-Aceh

Des voisins de mouillage aux couleurs chatoyantes.

Nous quittons Sabang direction Lok-Nga au sud de Banda-Aceh. Nous sommes au portant sous le vent d’un grain, et mis à part la passe entre les îles où il vaut mieux se présenter avec le bon flux de marée (beaucoup de courant et pas de vent, car à l’abri du relief), la navigation reste des plus agréables.

Nous avons prévu de passer 3 jours sur place, avec au programme surf et visites à terre. J’ai une connaissance locale à voir et un ami français qui est là en vacances avant de partir préparer son bateau de surf trip aux Banyaks. Il pleut presque tous les jours en fin d’après-midi. C'est une pluie tropicale, mais nous n'avons pas trop d’éclairs ni trop de vent, et c'est tant mieux car nous ne sommes pas super protégés au mouillage dans notre cata open.

3e étape : Pulau Raya

Les mouillages de rêve se sont enchaînés pendant plus d'un mois.

Nous repartons pour Pulau Raya avec une escale pour la nuit à Lok-Seudue. Il s’agit d’une anse bien protégée avec une zone de reef sympa en snorkeling si la visibilité est bonne. Malheureusement, ce n'aura pas été le cas pour nous… Mais nous en profiterons pour rencontrer des pêcheurs du coin qui évoluent sur des plates-formes catamarans qu’ils remorquent d’un spot à l’autre. Nous dînons à terre du plat local, le Nasi-Goreng. J'avais déjà fait un stop ici il y a environ cinq ans, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses n'y ont pas beaucoup changé…

Comme toujours, les gamins nous interpellent avec leur "Hello mister", mais malheureusement nous ne pouvons entamer de conversation. Leur notion d’anglais est plus que sommaire, et de notre côté, notre vocabulaire indonésien reste très restreint.

Après une super nuit sur un plan d’eau on ne peut plus calme, nous reprenons notre route avec 40 milles nautiques à faire dans la journée, sous voile au début, puis au moteur en milieu de journée, pour renvoyer et finir sous gennaker seul dans l’après-midi.

 

Stop à Lo-Kreut, village de pêcheurs

Le contact avec les locaux est toujours facile dans cette zone. Il y a surtout Hendra, qui parle bien l’anglais et qui nous apporte son aide pour notre avitaillement. Il possède un scooter et pour les bonbonnes d’eau potable qu’il nous faudra aller chercher sur la route principale, ce sera bien pratique. Hendra aurait voulu qu’on lui donne quelques bières, mais notre réserve en malt s’est amenuisée au fil de notre traversée par de nombreuses distributions à chacune de nos rencontres. Hendra ne veut même pas d’argent pour le service rendu et nous finissons au moins par lui payer ses cigarettes. Le tabagisme est peut-être en diminution en Europe, mais il reste un gros fléau en Indonésie !

Du côté de la restauration, il y a moyen de manger à terre, mais il ne faut pas être difficile, car c’est toujours un peu la même chose. On trouve sur le classique Nasi Goreng (riz), ou encore le Mie Goreng (nouilles) ou le Bakso (nouilles encore)…

Pour la première fois, nous avons un voisin de mouillage (un monocoque), contrairement aux autres nuits, où nous étions seuls. Et jusqu'à la fin de notre périple, tous nos mouillages seront solitaires, seulement entourés ou non par les plates-formes de pêche suivant la météo.

Les fameuses plates-formes de pêche catamarans que nous trouverons tout au long de notre périple. 

Le reef à l’est de Pulau Raya – où il y a un spot par gros swell – nous offre une bonne session de snorkeling, avec une bonne visibilité mais peu de poissons. L’eau est apparemment trop chaude, voire trouble par moments, mais nous verrons quand même depuis le bateau des tortues et des GT (Golden Trivally), il y a aussi quelques dauphins qui viennent chahuter autour de notre bateau.

La suite de notre croisière nous amènera sur l’île de Simeulue, mais auparavant, nous longerons la côte de Sumatra jusqu’à la ville de Meulaboh. Nous allons prendre un mouillage face à l’océan sans protection pour passer une nuit en chemin, car, sur le GPS, il nous semblait pouvoir rentrer dans un bras de mer, mais la main de l’homme a modifié le trait de côte. Des digues sont apparues à la place et dorénavant il ne reste un passage possible que pour les annexes et des barques de pêcheurs.

A la tombée de la nuit, une barque de pêcheurs vient nous aborder et nous donne des crevettes. Ils ne veulent pas d’argent, mais un peu d’alcool ; ça tombe bien, il nous reste une demi-bouteille de gin, ils sont ravis, et nous aussi. Reste à décortiquer notre repas du soir…

Le lendemain, nous allons mouiller dans la baie bien protégée du sud-ouest de Meulaboh près du port de pêche. Et ce fut une bonne idée, car nous passerons une mauvaise nuit avec plusieurs grains avec 35 nœuds de vent.

Dernier cap : Pulau Simeulue

Avitaillement fait en centre-ville, nous entamons la traversée en milieu de matinée, 100 milles jusqu’à Pulau Simeulue. Il reste du vent du mauvais temps de la veille au soir, dont nous profitons au maximum jusqu'à minuit, où je serai obligé d’affaler et de mettre le moteur après avoir laissé le bateau dériver pour me reposer un peu.

Nous arrivons enfin le lendemain matin, mais en chemin, nous avons fait une rencontre extraordinaire. Dame nature a mis sur notre route une superbe baleine. C'est une belle récompense, et surtout le privilège de la vie en bateau !

Nous restons 2 nuits et 1 jour au mouillage dans la baie de Sinabang. Avec le temps rythmé par les mosquées avoisinantes, nous sommes contents de lever l’ancre pour commencer le tour de l’île par le sud-est.

Direction une vague nommée "Thailand" dont j’ai entendu parler. Mais comme il n'y a pas de vent, nous faisons route au moteur.

Le mouillage près de la vague est sympathique. Il s’agit d’un bras de mer qui rejoint le sud de l’île, on aurait pu peut-être passer par là plutôt que de faire le tour, mais la balade valait le détour : un rocher isolé, planté sur une mer superbe, et de des fonds sous-marins à faire pâlir de jalousie mes potes de Tahiti.

 : Et partout, toujours, des "villes" au plus petit des villages, un accueil incroyablement chaleureux et souriant !

Je surfe seul le lendemain matin, et en milieu de journée, nous décidons de rejoindre la baie de Bunsung au sud-est de Simeulue. Pas de vent au départ, nous mettrons les voiles un peu plus tard à mesure que l’on change de cap pour faire route vers l’ouest une fois la zone de hauts-fonds contournée.

Nous passons encore quelques jours entre la baie de Busung et l’île de Tepah, où nous trouvons deux belles vagues, dont une assez fréquentée car des surfs camps se sont installés sur le spot.

Le lieu étant devenu un peu plus touristique, il est possible de louer des scooters sur place, ce qui permet de faire de superbes balades aux alentours. La vie locale des habitants de Bunsung reste assez précaire, et dénuée de richesses matérielles. Leurs habitations sont de petites maisons en bois, sol en terre battue, et ils vivent de quelques cultures d’arbres fruitiers, mais aussi du copra (noix de coco). La végétation est en revanche bien fournie. Et c’est toujours avec un énorme sourire que vous serez accueilli, et c’est cette authenticité qui fait la richesse des habitants de cette partie du monde.

 

Nous décidons de repartir par l’ouest de Simeulue pour la fin de notre séjour. Une navigation assez cool grâce à un grain qui nous fournira du vent. Par contre, il n’y a pas, ou peu, de mouillages, alors que la côte est exposée à la houle, et il y a pas mal de hauts-fonds, attention à ne pas surfer avec le bateau…

 

L’heure du retour s'annonce déjà

Nous empruntons la même route qu’à l’aller. Un retour sans embûche : les formalités sont accomplies à Pulau Weh, où nous profitons d'un joli mouillage et louons un scooter pour parcourir la ville. Nous avons préféré attendre une bonne météo avec un flux de nord-ouest pour remonter sur Phuket. Du coup, nous ne mettrons que deux jours pour remonter à 7- 8 nœuds, toutes voiles dehors.

Le rail du détroit de Malaca étant assez fréquenté, il vaut mieux le passer de jour. C’est ce que nous avons fait en quittant les côtes nord-ouest de Sumatra à 7h du matin.

 

En conclusion, voici mon ressenti sur cette belle croisière, et j'espère que certains d'entre vous – passionnés de surf ou pas – se lanceront à la découverte de cette (très belle) partie du monde.

En moyenne, nous avons eu peu de vent, mais pas mal de pluie. Nous n'avons rencontré que très peu de touristes, mais des locaux sympas. Le coût de la vie est faible, mais il reste difficile de s’avitailler correctement. On trouve de nombreuses mosquées et… la vie (et les réveils) est rythmée par les heures de prière. Il n'y a tout simplement aucune infrastructure pour la plaisance, mais une authenticité agréable à vivre de nos jours, avec des endroits paradisiaques et sauvages….


Notre programme :

1re étape : Pulau Weh, avec Sabang en port d’entrée,

2e étape : Lok-Nga, au sud de Banda-Aceh,

3e étape : Pulau Raya ; le long de la côte sud-ouest de Sumatra,

4e étape, fin du parcours sur Pulau Simeulue.

Une croisière de 36 jours et quelque 1 000 milles.

Partagez cet article