Voyage

"The Larrikin" autour du monde"

Créez une alerte e-mail sur le thème "Voyage"

Ma femme Louise et moi-même avons eu la chance de vendre notre Orana 44 en Australie et l’avons remplacé par le nouvel Hélia 44. Multihull Solution à Moolooba est notre agent en Australie, ils nous ont permis de prendre possession de notre nouveau catamaran directement au chantier à La Rochelle, en France.
Avec au programme une navigation en Méditerranée le temps de deux saisons, avant de traverser l’Atlantique, nous avons décidé de bien équiper notre catamaran et installé des équipements tels qu’un dessalinisateur (AquaBase 12 V), un convertisseur Victron, un petit groupe Fisher Panda 5000i, une machine à laver, 800 W de panneaux solaires, et un ensemble d’instruments de navigation Raymarine, incluant notamment un transpondeur AIS et un radar.
Notre projet consiste à équilibrer notre vie entre les moments de navigation à bord de "The Larrikin", entrecoupés de voyages afin de passer du temps en Australie, avec nos familles et amis. Au cours de la première saison, nous avons ainsi navigué durant 7 mois, puis avons passé les 7 mois suivants à la maison. Durant cette période à la maison, nous avons vécu la naissance d’un nouveau petit-fils (nous ne voulions manquer ça en aucun cas), ainsi qu’un mariage en projet dans la famille. Nous avons la chance de pouvoir concilier les deux, à partir du moment où nous adorons les périodes que nous passons à naviguer, mais nous sentons également important de passer du temps avec les gens que nous aimons et de participer aux événements spéciaux, aussi bien dans leurs vies que dans les nôtres. Eventuellement, nous ramènerons le bateau à la maison en Australie, mais cela risque de prendre quelques années. On verra bien comment les choses vont se passer !

Larrikin autour du monde

"The Larrikin" est un nom typiquement australien que l'on donne à quelqu’un de fort, intrépide, franc et droit, mais avec un côté espiègle et amusant, très attachant… Tout est dit !

La première saison de navigation nous a conduits en Méditerranée, et durant 7 mois, nous avons visité la France, l’Espagne, le Portugal, les Baléares, la Sardaigne, la Corse et la côte ouest de l’Italie. Puis ce fut une navigation non stop vers Marmaris en Turquie, le tout pour un total de 4 000 milles. Nous avons alors sorti le bateau de l’eau et l’avons laissé à l’excellente garde de Sailing Offshore dans la marina Albatros, à Marmaris, pour 7 mois, et au retour en juin de l'année suivante, nous avons navigué en Turquie, en Grèce, en Sicile, en Sardaigne avant de revenir aux Baléares, Gibraltar puis Lanzarote aux Canaries, pour se joindre à l’Atlantic Odyssey organisé par le Cornell Sailing Group. Nous savions (à travers nos lectures, dans les magazines mais aussi sur Internet) que le départ de l’Odyssey coïncidait avec la période à laquelle nous avions prévu de traverser l’Atlantique, et à partir du moment où nous savions que notre ami Phil allait se joindre à nous, nous devions déterminer un point de rendez-vous et une date. Aussi, le Jimmy Cornell Group s’est trouvé être le challenge parfait pour nous, en nous apportant une très bonne préparation pré-rallye, avec des séminaires sur de nombreux points ayant trait à la navigation, une démonstration de sauvetage et de sécurité, une information médicale, et de nombreuses autres fonctions sociales au cours desquelles nous avons pu faire connaissance avec les autres participants. L’île de Lanzarote est un endroit exceptionnel, avec ses paysages volcaniques et sa communauté sympathique. Nous avons apprécié l’aide apportée par les personnes et les entreprises de Lanzarote, et la toute nouvelle marina de Puerto Calero, sur la côte sud de Lanzarote, s’est avérée excellente, un port agréable où séjourner. Faire les approvisionnements aux Canaries s’est également avéré facile, avec de bons produits. Le supermarché a même offert un service de livraison directement sur les bateaux, la veille du départ, et ce même jour, nous avons apprécié le marché local, un très bon endroit pour se procurer des produits frais, des légumes et des produits locaux. Eux aussi ont pu livrer sur les bateaux sur demande.

Larrikin autour du monde

Après avoir pris possession de leur catamaran au chantier en France, Gordon et Louise ont navigué en Europe (ici, un mouillage en Turquie près de Gocek) avant de traverser l'Atlantique.

En transat

Le 16 novembre, nous avons quitté Lanzarote en compagnie de 33 autres bateaux. Un mélange de catamarans (9) et de monocoques (25). L'équipe de l’Odyssey ainsi que de nombreux spectateurs étaient là pour nous saluer lorsque nous avons franchi la ligne de départ sous Parasailor. Ce fut le début d'une aventure dont nous nous souviendrons durant le reste de notre vie.
Le vent était léger quand nous sommes partis. Cependant, au vu des dernières prévisions météo (téléchargées avec notre IridiumGo), nous avons décidé qu’après avoir contourné les Canaries par le sud, nous ferions route à l’ouest jusqu’à rencontrer un système de pressions qui nous permettrait de faire route au sud sur un seul bord. Nous étions confiants sur le fait que "The Larrikin" naviguerait confortablement et rapidement avec un tel angle par rapport aux prévisions de vent de l’ordre de 25-30 nœuds. Dès le deuxième jour, nous avons perdu de vue les autres bateaux du rallye, mais nous avons pu continuer à suivre leur route grâce aux positions des concurrents envoyés chaque jour par mail par l'organisation. Nous les avons systématiquement reportées sur la carte protégée par un plastique installée sur la table du carré pour suivre la progression de chacun…
Des amis nous avaient prédit, et l’idée a également été confirmée par les groupes de discussion avec Jimmy Cornell et l'équipe de l’Odyssey, que si nous avions suffisamment de carburant, alors il serait judicieux de l'utiliser pour se rapprocher des alizés le plus rapidement possible. Nous avons donc fait route au moteur vers l’ouest durant une journée et demie, jusqu’à atteindre la bascule de vent. Ensuite, nous avons eu beaucoup de chance, car, en atteignant la bonne zone, nous avons eu un vent plutôt fort, au départ d’une vingtaine de nœuds et qui nous a permis de naviguer à un angle de 65-70 degrés par rapport au vent. Nous avons alors navigué à 8-9 nœuds dans un vent fort et régulier, qui a continué à fraîchir au cours des jours suivants, mais c’était tout à fait gérable et nous nous sentions bien à bord de notre Hélia 44. Nous nous sentions presque "voler" au-dessus des flots tant les conditions étaient idéales, et après 6 jours, nous avions trouvé les alizés, aux environs du 20°N et du 30°W, à environ 250 milles du Cap-Vert. Nous avons alors affalé la grand-voile et enroulé le génois, et navigué les 11 jours suivants sous spinnaker Parasailor. Cette voile est vraiment incroyable !

Larrikin autour du monde

Gordon et Louise à la barre de leur Hélia 44 "The Larrikin", en route pour la traversée de l'Atlantique.

La configuration Parasailor sur notre catamaran est d’une gestion très facile sous voile, Louise et moi l’avons trouvée très polyvalente et très facile à utiliser quand nous ne sommes que tous les deux à bord. Sur la traversée, nous avons navigué au vent arrière, avec des variations d’angle de vent allant jusqu’à 120°, nous nous sommes suffisamment sentis à l’aise avec cette voile pour la maintenir à poste jour et nuit. Nous avons subi deux ou trois grains au cours desquels le vent apparent est monté à plus de 30 nœuds, il a alors suffi de choquer le hâle bas d’environ un mètre afin de libérer la pression sur la voile. Le bateau naviguait bien et notre record de vitesse a été de 15,5 nœuds…
Quand le vent est passé arrière, nous avons alors pu nous détendre, et nous nous sommes installés dans la routine des nuits de quart et des activités de la journée. Nous prenions nos repas en général à 19h00. Le premier quart était assuré par Lou de 20h00 à 23h00, par Phil de 23h00 à 01h00, par Gordon de 02h00 à 05h00, puis par Lou de nouveau de 05h00 à 08h00. C’est alors que Gordon et Phil commençaient leur journée, tandis que Lou généralement s’octroyait quelques heures de sommeil supplémentaires. Les journées étaient sympas, le vent autour de 15-20 nœuds et notre vitesse moyenne de 9-10 nœuds. Nous avons fait deux journées d’affilée à plus de 200 milles. Puis le vent a légèrement diminué, mais il était toujours consistant, tandis que les milles diminuaient, et que la destination se rapprochait.
Nous avons vu des dauphins, des poissons volants (par centaines) et des oiseaux de mer. Un des moments les plus forts du voyage aura été quand nous avons été rejoints par deux baleines de Minke qui ont nagé autour du bateau pendant environ deux heures. Uniquement pour nous ! Dans ces conditions plus légères, nous avons mis un leurre à l’eau et nous avons été récompensés par quelques mahi mahi et un magnifique marlin bleu de 2,10 mètres. Le plus gros poisson que j'aie jamais pris ! La vie à bord pour nous trois était occupée, mais très détendue et nous donnant beaucoup de plaisir. On en a profité pour bien manger – la configuration de la cuisine à bord de notre catamaran est parfaite, aussi bien pour préparer un bon repas que pour la convivialité. Avec les vastes zones de réfrigération et de stockage, il est très facile de prévoir une longue traversée sans manquer de rien. Durant cette traversée, nous avons régulièrement fait notre propre pain (fait dans la machine à pain), du pain de banane et les muffins, qui ont toujours eu un grand succès à bord.
Tout au long de la transatlantique, nous avons bien sûr fait beaucoup tourner notre dessalinisateur pour obtenir de l'eau douce pour notre consommation, mais aussi pour laver nos vêtements et maillots de bain dans notre machine à laver (on ne se refuse rien à bord de "The Larrikin"). Le dessalinisateur Aqua Base est une unité 12 V produisant 65 litres d'eau par heure, que nous avons trouvé particulièrement efficace et fiable lors de cette traversée.

Larrikin autour du monde

Belle prise au milieu de l'Atlantique : un marlin bleu de 2,10 m !

Durant la journée, les 800 W de panneaux solaires ont maintenu le parc de batteries (totalisant 750 A) chargé, mais nous devions tout de même démarrer le groupe électrogène quelques heures chaque matin pour recharger les batteries, en raison de la forte consommation électrique de la nuit, celle des instruments de navigation, du radar et du pilote automatique, sans compter les deux réfrigérateurs et le congélateur… Nous avions pris avec nous environ 600 litres de carburant, et à l’arrivée, après avoir parcouru 2 946 milles, il nous en restait 150. Nous avons utilisé les moteurs régulièrement pour avoir de l'eau chaude, mais aussi (et surtout) pour aider le cata à avancer à la voile lors des périodes de vents faibles. Le bateau a très bien fonctionné, nous n’avons rien cassé et n’avons pas connu de problème majeur. En cette fin de notre deuxième année (13 mois) de navigation, nous avons navigué un total cumulé de 10 000 milles.
L'IridiumGo, le routeur satellite, est un outil incroyable. Avec lui, nous pouvons envoyer ou recevoir des courriels, du texte ou téléphoner depuis notre iPad ou notre smartphone de n’importe où sur le bateau. Au cours de la traversée, toutes les 12 heures, nous avons téléchargé des fichiers Grib. Pour consulter ces fichiers, nous avons utilisé l’application Weather4D, que nous avons trouvée très précise. Nous avons également communiqué quotidiennement par mail avec le les organisateurs du rallye, ainsi qu’avec d’autres bateaux du groupe. Nous avons trouvé très excitant de pouvoir écrire des mails à la famille et aux amis depuis le milieu de l’Atlantique, cela nous a permis de partager en direct notre aventure avec eux. Lorsque nous naviguons, nous pensons qu'il est très important de rester au courant de ce qui se passe à la maison en Australie, et désormais, avec l’IridiumGo, nous pouvons le faire facilement.
Le dernier jour et alors que nous approchions de la Martinique, nous avons eu un contact visuel avec un autre bateau, qui nous avait pourchassé les 17 derniers jours ! Mahe 3. Nous avons pu discuter par radio, et alors que nous approchions de la ligne d’arrivée, nous avons décidé avec le propriétaire italien du bateau (un German Frers 53 construit par Hallberg Rassy) que, "dans l'esprit du rallye, nous devrions franchir ensemble la ligne d'arrivée". Les deux bateaux ont alors envoyé leur spinnaker pour une arrivée spectaculaire. Nous étions les deux premiers bateaux à arriver en Martinique, avec le gros de la flotte qui devait arriver de 5 à 7 jours plus tard !

Larrikin autour du monde

Tous les soirs, le spectacle est somptueux à bord de "The Larrikin"…

Tandis que le reste de la flotte nous rejoignait à la marina du Marin, nous avons entendu des histoires de conditions défavorables, de mal de mer et de casse. C’est alors que nous avons réalisé que nous avions vécu une traversée de rêve. Notre bateau s’est avéré extrêmement confortable pour une traversée comme celle que nous venions de vivre, et même si nous avions conservé nos cirés à portée de main, juste au cas où, jamais nous n’avons dû les utiliser. La plus grande partie de la traversée s’est effectuée en short et tee-shirt ! La configuration de la barre et des protections sur l'Hélia nous a permis de naviguer en sécurité et confortablement tout au long de la traversée.
Pour nous, ce fut une très bonne façon de réaliser notre première traversée de l'Atlantique, et nous remercions sincèrement Jimmy Cornell et l'équipe de l’Odyssey pour leur professionnalisme et leur enthousiasme. Ce fut une expérience que nous n’oublierons jamais, elle fut si agréable que nous pensons rejoindre le groupe quand nous serons prêts à passer le canal de Panama pour nous diriger vers le Pacifique….
En attendant, il existe un formidable terrain de jeu qu’il nous reste à explorer, les Antilles, les BVI, et les Bahamas !

Larrikin autour du monde

Après cette belle transatlantique, l'aventure continue pour Louise et Gordon, peut-être même jusqu'en Australie…

Partagez cet article