Voyage

Le Vanuatu, voyage au bout du monde…

Créez une alerte e-mail sur le thème "Voyage"

Pourquoi aller si loin ? C’est vrai, en choisissant soigneusement son timing, on peut trouver des instants magiques sur toutes nos côtes et même tout près de chez soi. Mais pour moi, cela ne suffit pas… Comme certains d’entre vous, je ne suis pas revenu indemne de mes navigations dans le Pacifique Sud et cette 3e expérience là-bas ne sera sûrement pas la dernière.
Mais que possède le Vanuatu pour être aussi attachant ? Pourquoi ses habitants ont-ils été élus le peuple le plus heureux de la terre ? Décalage dans l’espace, décalage dans le temps ? Peut-être existe-t-il encore dans ces régions isolées, entre la nature généreuse et la population pas trop nombreuse, une relation parfaitement équilibrée ? Bref, à défaut de le comprendre, pourquoi ne pas essayer de le vivre. Il "suffit" d’investir 3 semaines ; pas facile, mais c’est aussi pour cela que ces îles restent préservées…
L’archipel se situe dans le Pacifique Sud-Ouest, avec les Fidji à l’est, les Solomon au nord et la Nouvelle-Calédonie au sud. Bien étiré en latitude sur une distance supérieure à 800 km, on peut s’y baigner toute l’année, même au sud, durant l’hiver austral qui dure de juin à septembre. Cette période sèche offre surtout des conditions optimales pour randonner dans une nature luxuriante tout en étant très tranquille (on trouve moins de 22 habitants au km2 ). Le Vanuatu, et ses 83 îles qui s’étendent sur une surface grande comme la moitié de la France, offre un terrain de jeu exceptionnnel à tous les voyageurs arrivant en bateau, le meilleur moyen pour partir à la découverte de cet archipel ; il y a de nombreux mouillages et la sécurité y est remarquable.
Et la langue ? La langue nationale est le bislama, à base d’anglais simplifié, mais l’anglais et le français y sont parlés et enseignés… au milieu d’une centaine de langues locales. Imaginez comment Anglais et Français ont pu administrer ensemble les Nouvelles-Hébrides avant l’indépendance en 1980 ? Ce qu’ils ont laissé sur le plan linguistique et culturel à leur départ ressemble à la pelouse d’un terrain de rugby après le Crunch ; aujourd’hui encore, certains enfants doivent marcher sur des kilomètres pour aller à l’école française ou l’école anglaise, car deux villages voisins peuvent ne pas parler la même langue... Pourtant, cette mosaïque fonctionne : la politique ici se fait au plus proche des gens, au village autour du nakamal, des anciens et du chef. Résultats : une sécurité maximale et une hospitalité qui touche et déclenche une relation gagnant/gagnant.

Skipper sur la route de Port Villa

Franck, le skipper sur la route de Port Vila.

Le catamaran : une histoire de famille et d’Outremer…

Franck, mon frère cadet, s’est installé à Nouméa il y a quelques années… Après avoir écumé le lagon avec un Catana 42, il l’a vendu pour racheter un Outremer 45, le numéro 2 de la série. Avec toute la rigueur de l’ingénieur, mais aussi entre deux runs de planche à voile à la baie des Citrons, il l’a méthodiquement revu et fiabilisé.
Ma route est passée au Vanuatu en 2002, lors d’un tour du monde en famille à trois sur "Papoose", le dernier Outremer 55 Light sur mesure du chantier. Arrivés en rallye de Musket Cove aux Fidji, nous sommes remontés seuls de Port-Vila, la capitale, vers le nord jusqu’aux Banks. L’archipel nous avait alors offert de sacrés moments, chaque mouillage apportant son lot de surprises, chaque débarquement son lot d’authenticité, chaque rencontre son lot de gentillesse.
En 2008, mais sans bateau, nous étions revenus tous les trois dans ces îles pour découvrir le sud avec Tanna et le très visité volcan Yasur, puis passer une semaine isolés sur le minuscule îlot d’Aniwa avec une famille locale.
Pour cette troisième fois au Vanuatu, je suis un des 3 équipiers de Franck, sur son Outremer 45.

Un guide pour notre catamaran, en route pour notre trip

Pentecôte (Homo Bay) : à peine mouillé, Luke Baby vient rendre visite à notre catamaran. Il va nous guider 3 jours.

A la d_couverte de Vanuatu

Pentecôte (Homo Bay): Luke Baby et la fierté locale du village : le nouveau Nakamal adossé à un gigantesque Banyan.

Le (bon) plan et la traversée

Le projet de Franck est assez simple, mais très ambitieux, car le temps est compté :
Un premier trip à 4 de Nouméa à Port-Vila, puis une virée au nord avec deux points forts : Pentecôte avec le saut du gol, et Ambrym avec le volcan Marum, puis retour à Port-Vila pour le changement d'équipiers.
Un deuxième trip, plus court mais musclé car en partie car contre l’alizé, à partir de Port-Vila pour rallier Port Résolution, le mouillage le plus proche du mont Yasur à Tanna et retour à Nouméa, via ou non les îles Loyauté en espérant un angle favorable ou pas trop de vent, car c'est bien ce dernier au final qui dictera l’option.
Deux jours pleins sur place à mon arrivée de métropole suffiront pour étaler le jetlag avant le départ, et à mener à bien les préparatifs menés tambour battant. Nous serons 4 à bord avec un couple ami de Franck, solide et marin : Claude possède lui-même un bateau, c’est un colosse à la vitalité impressionnante, sa femme Cathie, que nous surnommerons vite "Aoua Cathie" est une Caldoche pure et dure élevée dans la brousse et qui ne se plaindra jamais et résistera parfaitement à l’ambiance quelque peu macho de l’équipage.
Où un Français peut-il avitailler plus facilement qu’à Nouméa ? Le bateau à quai et les supermarchés à moins de 10 min… Nouméa est un village : tout y est rapide, convivial et cher… mais embarquer du vrai saucisson bien sec dans cette région est un luxe qui n’a pas de prix.
Les pleins sont complétés à ras bord et on emmène même le kayak de mer…
Nous partons samedi 6 juin : parcours classique avec une navigation abritée jusqu'à la baie du carénage au sud de l’île où l’on passe la nuit. La météo annonce une rotation au sud-est, ce qui serait top pour rallier Port-Vila… Au matin, l’alizé est bien là, mais très musclé, et les rares bateaux restent au mouillage ; Franck n’hésite pas, passe le sud de l’île et s’engage sur la traversée ; je suis inquiet, mais sans raison : il est habitué à se tirer la bourre avec les autres catas de Nouméa dans ces conditions et navigue plus au près en une saison que je ne l’ai fait en une année de tour du monde ; en fait, il connaît parfaitement les limites de son cata !
L’est-sud-est est excellent, car on est au largue et il faut en profiter, car, si l’alizé reprend du nord, on sera au près serré. Avec un vent moyen de 25 nœuds, la traversée est agitée, mais nous sommes quatre pour assurer les quarts ; on surfe même dans la nuit à près de 20 nœuds avec 2 ris dans la grand-voile, un mouchoir sur le solent autovireur, et le pilote réglé sur le gain maxi. Nous arrivons le lendemain soir devant Port-Vila.
Les premiers contacts avec un pays sont déterminants, et là, on peut difficilement faire mieux : prise de rendez-vous à la VHF, et au matin, la douane et l’immigration sont à bord pour un petit café. Les officiels sont à l’heure, souriants, et se déchaussent en nous donnant l’impression souvent rare que nous sommes traités traités comme des clients ! Les conditions musclées font qu’il n’y a personne de nouveau à part nous, et nous prenons une bouée dans le lagon.

A la découverte des cultures locales de Vanuatu

La tour du saut du Gol avec ses étages intermédiaires : impressionnant !

Pentecôte : Kastom Village et saut du gol

On démarre le lendemain juste avant la nuit : les 25 nœuds habituels sont là… mais dans le bon sens, nous naviguerons avec 100/110 degrés de vent apparent et la nuit va encore être mouvementée et humide avec les grains pour nos quarts effectués dans le cockpit ; mais le cata se comporte très bien ; ça se calme un peu vers 2h00 et nous voilà à Pentecôte le matin, comme l’avait prévu le capitaine. Facile de mouiller sous le vent de l’île à Homo Bay dans 8 m de sable noir. Baby Luke, fils d’un ancien chef, vient à notre rencontre avec une pirogue qui prend sérieusement l’eau : il y a un saut du gol dans 2 jours et nous prenons rendez-vous le lendemain pour une marche sur l’île et un repas à terre ; il pleut encore un peu et la journée sera consacrée au repos.
Le temps s’est éclairci et nous allons marcher deux heures sur un sentier qui monte à travers la forêt, ponctué d’arrêts sous les banyans. Nous sommes signalés par un adolescent en étui pénien ; nous voilà arrivés à Ratan, un hameau d’une soixantaine de personnes qui est une excroissance de Bulap, le gros village Kastom dont les habitants ont décidé de rester dans les traditions y compris vestimentaires qui se limitent au strict minimum. Personne ne nous attendait, car la plupart des hommes sont aux champs, mais les femmes nous accueillent, à la condition cependant de ne pas prendre de photos. Les enfants nous touchent, visiblement intrigués par nos peaux blanches et nos cheveux blonds ; en fait, Baby Luke n’est pas très à l’aise et nous explique que ces enfants, contrairement à ceux qui sont sur la côte, ne vont pas à l’école…
Il faut rapidement repartir, et nous descendons par un autre chemin qui nous conduit à la rivière, au milieu des plantations de water taro. Baby Luke nous montre fièrement leur nouveau nakamal du village adossé à un banyan qui prolonge la pièce principale, avant de retourner chez lui où nous attend un petit cochon au lap lap, le plat national. Retour au bateau pour un bon tarot (le jeu de cartes, cette fois)... la nuit est noire et le spectacle des étoiles sur le trampoline rincé par la pluie d'hier est à la hauteur de cette surprenante journée…

Croisière Vanuatu

Pentecôte (Londot) : Luke Fargo, le maître de cérémonie futé du saut du Gol ; il sait utiliser à merveille et sans complexe... les atouts traditionnels !

Le saut du gol

Ce spectacle – car c’en est un, même si le rite initiatique et le passage de grades coutumiers sont toujours là – est lié au cycle de l’igname. 2 ou 3 bateaux de croisière s'arrêtent même sur la saison qui est courte, 3 mois par an, lorsque les lianes sont vertes et donc avec la bonne élasticité. Le saut d’aujourd’hui est l’avant-dernier de l’année. Il a lieu à Londot, un village côtier à 8 km au nord d’Homo Bay ; nous nous y retrouvons avec une vingtaine de touristes, mais sommes accompagnées par des centaines de locaux. Luke Fargo, le vieux maître de la cérémonie, arbore fièrement son étui pénien et emmène toute la troupe à la tour, quelques centaines de mètres à l’intérieur ; son bonheur est total et ça se voit ; il monte sur la tour et prononce dans un calme religieux un discours aussi simple que vrai : "Ce saut est le vrai benji, l’authentique car il est aussi initiatique, merci pour votre argent !" (100 euros par personne tout de même). Une poignée d'hommes préparent soigneusement les lianes ; il y aura 7 sauts : de l’enfant qui s’élance du premier niveau au champion de Bulap le Kastom Village qui plonge du sommet à plus de 20 m. Une trentaine de locaux, surtout femmes et enfants, tous en tenue coutumière, chantent à tue-tête. La ferveur est communicative et ces moments sont forts : il faut du cran pour plonger la tête la première avec les mains repliées le long du torse dans de la terre labourée… Souhaitons tout de même pour les générations futures de locaux et de touristes que cette manne financière ne déstabilise pas les communautés et que la saison restera limitée à ces 3 mois… Deux heures de marche plus tard, tout l équipage baigne dans la rivière d’Homo Bay… pourquoi consommer l’eau du bord ?

Croisière Vanuatu : athlète local

Le clou du spectacle avec l’athlète Kastom de Bulap tout en haut de la tour… Il se gave de chants locaux de nombreuses minutes avant de s’élancer.

Ambrym : Fanla et la marmite du diable

Le lendemain, Luke Baby prend congé en nous offrant des pamplemousses, et nous appareillons pour Ambrym, toute proche… avec 3 ris dans la GV ; nous tentons le mouillage d’Olal ; des amis de Franck avaient pu mouiller par temps calme dans le petit bassin derrière la barrière, mais le sondeur donne 1,20 m, le sable noir tue la visibilité et les condition sont trop mauvaises. Avec ces 25 nœuds, la marée montante, la protection de la barrière va diminuer, amener du courant, du clapot… Franck décide de sortir du piège et c’est à 7 nœuds sous génois seul que nous rallions Ranon et y mouillons en sécurité dans 8 m d’eau.
Le lendemain, c’est au village de Raventlam, à 20 minutes du mouillage, que nous organisons notre montée au volcan Mt Marum. Ruben, le chef, quitte le conseil, nous accueille et organise la rando pour demain. Là aussi, le dernier cyclone a laissé des traces avec des maisons sans toit, des arbres à pain déracinés. L’après-midi, nous explorons avec l’annexe la côte et constatons que l’eau qui coule et arrive à la mer est souvent chaude, très chaude !
En fin de nuit, nous laissons le dinghy sur la plage de sable noir pour rejoindre Raventlam et retrouver Ruben qui nous présente notre guide Asayan, un ancien qui a une pêche d’enfer, et un jeune porteur pour l’eau en plus. La température est idéale pour marcher, il y encore quelques petites averses, mais pas assez pour rendre le sentier glissant, ce qui est le plus important… Il faut un peu moins de deux heures au milieu des fougères arborescentes et des banyans pour monter à la caldera ; ensuite, le même temps est nécessaire pour accéder au pied du cratère en marchant à plat sur la cendre ; des traces ne trompent pas : il y a des vaches ici… Asayan nous explique qu’elles sont sauvages depuis longtemps et que personne ne s’en préoccupe ; puis on accède au cratère, d’abord en suivant une rivière puis le long de la crête. Miracle au sommet : les nuages qui défilent assez vite se déchirent et nous laisse sans voix, seuls, devant le spectacle du lac bouillonnant… Wahou ! Le spectacle n'a rien à voir avec celui des explosions tonitruantes du Mt Yasur à Tanna… Le volcan Marum enferme un lac de magma incandescent qui vit et se déforme, une véritable marmite du diable d’où nos yeux ne peuvent se détourner. Asayan a un peu froid, il nous affirme que moins de 150 personnes montent ici chaque année, l’alternative (chère) étant de prendre l'hélicoptère de Port-Vila. Ultime récompense au retour de ces 26 km de marche : une baignade dans la rivière derrière Raventlam…

Croisière Vanuatu : la marmite du diable

La "marmite du diable" du Mt Marum : un spectacle unique rien que pour nous... mais qui se mérite !

Croisière Vanuatu : sommet du cratère du mont Marum

Ambrym : seuls au sommet du cratère du mont Marum après 5 heures de marche.

Epi : fête au village

Le lendemain, on lève l’ancre à l’aube, car la journée promet d’être encore sportive pour gagner Epi avec le vent qui est toujours soutenu ; c’est d’abord tranquille sous le vent d’Ambrym jusqu'à Craigh Cove, après, ça secoue vraiment, car il faut tirer des bords avec 20 à 30 nœuds sous les grains qui ne nous épargnent pas et obligent à ajuster la toile sans arrêt… Mais ce n’est pas loin et nous mouillons assez tôt à Epi dans une baie attractive sous le cap Foreland, en face d’un immense ferme. Petit tour à terre et cette fois, Nathalie, qui parle français, nous accueille… Nous voilà conviés à une cérémonie au village. En fait, une famille d’Américains, aussi folle que sympa, vient d’amener de Port-Vila deux réservoirs d'eau à cette communauté avec son gros cata (1 sur chaque trampoline, heureusement par temps doux et au portant). L’installation est inaugurée et, après les colliers de fleurs et les discours d’usage, tout le village, y compris femmes et enfants, fait la queue en bon ordre pour nous serrer la main... Nous n’y sommes pourtant pas pour grand-chose, mais ce n’est pas grave… On comprend pourquoi ces gens sont heureux !
Retour sans problème le lendemain avec 76 milles sans bords à tirer pour retrouver la bouée de Port-Vila. Cathie doit reprendre l’avion pour Nouméa et nous attendons notre nouvel équipier Arslan pour continuer au sud.

Croisière Vanuatu : retour sur Port Vila

Retour sur Port Vila : les vents sont contraires pour rentrer et Franck doit encore réduire… Un bon bateau permet de s’affranchir un peu des conditions météo musclées et de tenir les délais.

Tanna Port Résolution et retour au volcan

Une journée plus tard ; nous voilà repartis pour le sud, pour la première fois, il y a très peu de vent et il faudra même solliciter la risée diesel pour rejoindre Port Résolution, le mouillage situé sous le volcan Yasur. Image insolite le soir : le cata est seul au milieu de la baie, nous fêtons l’arrivée de notre nouvel équipier, sur le trampoline à la lueur rouge du volcan : Arslan, notre funboarder écrivain (lire son roman "Pegasus Point").

Le lendemain dans l’après-midi, nous allons au volcan avec Stanley, le jeune chef de Port Résolution et l'équipage d’un sloop américain qui vient d’arriver des Fidji. Cette fois, on fera l’approche avec un véhicule, car nos pieds sont tous un peu abîmés suite aux quelques bobos au départ insignifiants qui ont mal cicatrisé. Quelques minutes suffisent à la descente du 4x4 pour assister au spectacle, ce qui fait du Mt Yasur le volcan en activité le plus facile d’accès au monde. Cette fois, il est plus calme, ce qui permet de cheminer sur le cratère et de voir les bouches à feux ; nos yeux restent prisonniers du spectacle, mais les vapeurs de soufre sont gênantes et il fait vraiment froid à la nuit tombante !

Croisière Vanuatu : retour dans le lagon de Nouvelle-Calédonie

Après trois semaines, le retour dans le lagon deNouvelle-Calédonie.

Back home (Nouméa)

Repos le lendemain matin et c’est parti pour le retour après déjeuner : avec deux ris pris très vite dans la grand-voile, on se retrouve à 70 degrés du vent et ça cogne… Le vent forcit et le début de nuit est sportif, car on doit reprendre le 3e ris vers 22h00 à cause des rafales sous grains ; c’est bien humide dehors, mais le cata taille cependant sa route entre 5 et 7 nœuds sous pilote. Puis, après avoir contourné le sud de l’île, nous retrouvons le turquoise du lagon de Nouvelle-Calédonie et finalement juste avant Port du Sud les copains de Franck et d’Arslan qui tirent des bords en planche entre la baie de Citrons et l’îlot Canard, après une virée de 1 052 milles.

Croisière Vanuatu : pêche de fête

Entre Tanna et Nouméa, la dorade qui nous permettra de fêter notre retour…

10 conseils pour naviguer là-bas

3 semaines sont nécessaires mais suffisantes : le jetlag aller peut s’absorber relativement facilement, car le voyage est si long qu’on a plutôt envie de bouger en arrivant, parfait pour rentrer dans les préparatifs.
Etre sur un bateau éprouvé, parfaitement connu du capitaine. On ne peut compter que sur soi sur ces plans d’eau (on a dû voir trois voiliers en 3 semaines) ! La taille minimale doit être adaptée à cette exigence d’autonomie et de sécurité. Avec un cata plus petit ou moins marin, il reste bien sûr possible d'effectuer cette croisière, mais il faut plus de temps pour jongler avec la météo.
Etre à 3 équipiers opérationnels minimum pour pouvoir pallier un pépin de pilote tout en restant quand même en mode "croisière".
Prendre toutes les infos à Port-Vila au bar à côté de Cruising World, auprès des autres cruisers de passage ou semi-résidents.
Etre 100 % autonome : avitailler à Nouméa ou Port-Vila, car il n’y aura rien ailleurs, ni magasin ni DAB, sinon du frais (pamplemousses/papayes, tarots/ignames, poulets, œufs, porcelets, diverses noix, cocos). Sans dessalinisateur, on pourra trouver de l’eau potable partout.
Se laisser approcher par les locaux à chaque étape ; il est probable que celui qui fera le premier pas sera le plus disponible (et aura l'aval du village) pour accompagner en randonnée, organiser un repas local ; jouer scrupuleusement le jeu de la tribu si elle le demande (visite du chef, du nakamal, kava partie).
Emporter tenue de quart complète pendant l’hiver austral, pour la nuit surtout, une bonne paire de chaussures de marche et des vêtements légers contre la pluie. Un petit sac à dos étanche ; pas besoin de sérum (aucun animal venimeux), mais un bon désinfectant et des pansements pour les petits bobos.
Emporter du cash en petites coupures, de quoi troquer ou donner : le troc est roi dans les îles et un bateau de passage est souvent l’une des seules source pour obtenir ce que leur économie vivrière ne donne pas (vêtements, recharges GSM, vieux bouts pour le bétail, conserves, ustensiles de cuisine, médicaments).
Oublier Internet (nous avions juste un Iridium au cas où), c’est une sacrée cure !
Enfin, à moins d’être un fanatique de randonnée, de volcan et d’ethnologie, ne partez pas au Vanuatu avant d’avoir visité le lagon sud de la Nouvelle-Calédonie, facilement accessible avec les nombreux catamarans de charter de Nouméa.

Naviguer sur le bateau des autres ?

J'appréhendais de me mettre pour la 1re fois sous l'autorité de mon frère cadet, propriétaire et skipper, surtout après avoir vécu 10 ans autour du monde et tout décidé sur mon bateau ; "décider", c'est bien le seul plaisir auquel il faut renoncer, mais quel confort !
L'autorité est la rançon de la responsabilité : celui qui paie décide au final, et cette règle simple marche aussi en bateau.
Les 3 équipiers possédaient un bateau, ils en connaissaient les contraintes et les coûts : c'est bien supérieur pour assurer le succès du voyage à toute l'expérience du monde.
Avant le départ, le boss a défini les dates extrêmes IN et OUT du voyage... Moins il y a de contraintes de dates, plus on réduit l'aléa météo et on augmente la sécurité. Il a ensuite édité quelques règles simples (tours de vaisselle, quarts, nettoyage au retour...) et la participation à la caisse de bord.
Après le départ, même si l'équipage peut discuter du programme, ça reste le capitaine, avec son interprétation de la météo, qui décide au final, quoi de plus classique ?
Le succès d'une croisière repose sur des bases claires, mais aussi sur un bon bateau, un bon skipper et... un bon "casting". Ainsi, Franck avait rassemblé un équipage réduit avec des valeurs communes dont il connaissait parfaitement les aptitudes et les motivations.

Partagez cet article