Teis

Des San Blas au canal de Panama

Ceux qui l’ont franchi le savent : le canal de Panama, c’est la porte du Pacifique ! L’équipage de Teis navigue désormais dans le plus grand des océans.

Teis

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Publié le 27/05/2025

Par Gilles Ruffet

Numéro : 231

Parution : juin / juil. 2025

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Qui : Catherine et Michel
Où : Des San Blas au Canal de Panama
Multicoque : Outremer 51
Blog : www.teis5199.com

De l’île Rosario aux San Blas, nous avons navigué 24 heures et, chose surprenante, nous n’avons pas rencontré un seul orage au cours de la nuit. La saison des pluies se termine, il en est de même pour les orages que nous ne voyons plus au large et à terre. Nous sommes arrivés à Isla Pinos. Nous y sommes seuls. Le mouillage est très reposant, mais l’eau y est trouble, nous ne nous sommes pas baignés. Les Kunas naviguent dans des pirogues construites dans de vieux cocotiers tombés au sol. La Comarque Guna Yala est une province indigène constituée de 365 îlots coralliens ; l’archipel est situé sur la côte nord de Panama, à environ 120 km à l’est de Colon et à une distance des côtes comprise entre 4 et 14 kilomètres. Seuls 60 îlots sont habités. Nous mouillons à Mamitupu. L’accueil assuré par Pablo et son épouse est très sympathique. Pablo a vécu six ans à Londres. Il gère deux restaurants sur l’île et une fabrique d’huile de coco. Nous avons visité la communauté avec lui. Il nous a permis de voir les différentes cases : la case traditionnelle ou maison en terre battue avec le feu au sol et des hamacs pour dormir et faire la sieste, la case de cérémonie, l’école, etc. Le chef de la communauté a beaucoup de pouvoirs, dont celui de définir les règles relatives à l’extinction des feux le soir. Il donne aussi son approbation ou non quant à un divorce. Les molas sont fabriqués à la main. Deux mois de travail environ sont nécessaires pour en confectionner un exemplaire. Les femmes sont habillées en tenue traditionnelle. Nous sommes allés ensuite mouiller à Snug, où nous n’étions que quelques voiliers, avant de nous diriger vers Colon, en naviguant de mouillage en mouillage jusqu’à l’entrée du canal de Panama. En prévision de journées bien remplies, nous avons préparé en amont les repas pour les deux jours à venir, car nous avons pour consigne de bien nourrir les deux personnes qui vont être avec nous sur le catamaran – le pilote et l’équipier supplémentaire. Nous avons rendez-vous à 17h30 dans la rade de Shelter Bay pour prendre le pilote. Nous levons l’ancre, avant de nous faufiler sous le pont de l’Atlantique, et d’entamer le franchissement des trois écluses montantes de Gatun, de nuit, sous les projecteurs. C’est un spectacle impressionnant et magnifique. Nous sommes à couple d’un yacht australien, et derrière un porte-containers chinois. Après les écluses, nous avons navigué une petite heure jusqu’à un mouillage sur le lac Gatun. Et là, en manœuvrant pour se mettre à couple d’une bouée, nous avons constaté que le moteur bâbord tournait dans le vide, comme s’il n’y avait plus d’hélice. Nous nous sommes mis au lit un peu dépités, en espérant que la solution viendrait le lendemain. Dès l’aube, Michel plonge. Notre crainte est confirmée, nous avons perdu une hélice ! Le second pilote va-t-il nous laisser naviguer sur un seul moteur ? Nous lui expliquons notre problème, et lui faisons part des difficultés que nous risquons de rencontrer lors des manœuvres. Pour lui, nous pouvons y aller. Nous traversons le lac Gatun, sur 25 milles environ, la végétation est très belle, la jungle s’arrête sur les berges. Nous croisons d’énormes porte-conteneurs. Nous nous préparons à passer les écluses descendantes de Pedro Migel et de Miraflorès à couple d’un bateau de touristes américains. Avec un seul moteur, Michel a du mal à maintenir le catamaran dans les écluses. Puis nous mouillons dans Playita Marina. Ça y est, nous l’avons fait, nous avons passé le canal de Panama. Désormais, l’océan Pacifique nous attend…