Course au large

Route du Rhum Essai course : 80’ en solo, l’expérience ultime

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Voilà, vous êtes là sur le ponton. Intimidé. Malgré l’invitation de Lionel Lemonchois à monter à bord à votre guise, vous n’en faites rien. Enfin pas tout de suite. Profiter de l’instant. Votre regard part de l’étrave, parcours les 24 mètres du long flotteur bâbord qui vous fait face, jusqu’au tableau arrière. Prendre la mesure, estimer l’échelle, suivre les circuits de manœuvres, admirer chaque pièce custom, avoir le souffle coupé par les longues étraves acérées. Observer l’équipage se déplacer, repérer les zones où l’on peut mettre les pieds, les « ficelles » qu’il vaut mieux éviter. Allez, courage, il faut y aller. Un pied sur l’énorme défense carrée, puis sur la toile protégeant au port l’antidérapant gris argenté. Sur l’immense filet tendu comme un arc, on joue à saute-mouton par-dessus les nombreux bouts qui le traversent. On enjambe le bras arrière pour accéder au large cockpit. Pas moins de 46 manœuvres y reviennent ! J’ai compté, mais j’ai peur d’en avoir oublié. Deux colonnes de moulins à café, cinq tambours de winches dont je ne suis pas sûr de pouvoir faire le tour avec mes petits bras… cela donne une première idée des efforts en jeu. Ne pas laisser les doigts au mauvais endroit.

A bord, nous serons 7 : Lionel, bien sûr ; Arnaud, qui passera une bonne partie de cette sortie à régler l’électronique depuis l’intérieur monacal ; Bambino, le numéro un volant ; Gurloe, qui gère le piano aux 46 touches (hors bouts de synchronisation winches/moulins à café et de hooks) ; Vincent Marsaudon, le fabricant du nouveau mât ; et Jacques, de North Sails France, venu valider d’ultimes retouches à la garde-robe haute-couture fraîchement livrée. Nous n’avons pas encore quitté le ponton que Bambino est déjà harnaché dans le mât pour fixer l’immense têtière carrée et ses lattes aux chariots de mât. Moteur en marche, avec l’aide de deux semi-rigides puissants, on slalome avec un peu de tension pour sortir de la base. Vous êtes partant pour une bonne séance de cardio ? « A hisser la grand-voile ! » A quatre, nous nous acharnons sur les deux colonnes de moulins à café. « Ne pense qu’à respirer », me glisse Arnaud, mon binôme. Je le rassure, je ne pense qu’à ça ! Et un tout petit peu à mes bras, qui peu à peu se tétanisent : première, deuxième vitesse, overdrive... le winch force, les hommes n’en peuvent plus. Remise de peine, nous sommes là pour essayer le premier ris. Si le hook avait fonctionné du premier coup, cela nous aurait économisé un peu d’énergie. Néanmoins, on s’y reprend à deux fois. On envoie Bambino tout là-haut voir ce qui se passe, et « clic ! », ça y est, la grand-voile est « hookée ». Mon regard exténué doit interpeller Lionel, qui me glisse, hilare : « En solitaire, on ne drisse pas plus d’un ris à la fois »… Bon courage quand même !

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