Ma’aramu

Les courants portants du Pacifique

La traversée du Pacifique n’aura été que du bonheur pour l’équipage de cet Excess 11, avec à la clé un accueil inoubliable en Polynésie.

Qui : Hinatéa et Tristan, Nicolas, Elsa, Jean-François et Julien
Où : entre l’Europe et la Polynésie
Multicoque : Excess 11
Blog : www.hina-tristan.com 
Nous avons quitté Panama avec l’idée que nous ne verrions peut-être pas de terre avant un mois. Finalement, cette traversée va s’avérer être celle de tous les records. Nous avons parcouru les 4 000 milles sur un seul bord, très souvent vent de travers. La première semaine aura été la plus compliquée, avec un vent arrière assez faible au début, puis la traversée du pot-au-noir, nous obligeant à faire du moteur 36 heures durant. Nous devons négocier des grains, derrière lesquels on se retrouvera parfois à naviguer quelques heures contre le vent. Hinatéa a un travail qui l’attend à Tahiti, nous devons donc faire l’impasse sur les Galapagos, même si nous n’avons pas résisté à la tentation de passer au milieu de l’archipel à proximité duquel nous aurons, au même moment, jusqu’à 20 fous présents à bord : un superbe souvenir. Afin de profiter d’un courant portant plus conséquent, nous choisissons une route un peu nord, un peu plus longue, avec un alizé un peu moins stable. Nous tentons le pari, et après quelques jours, nous basculons dans une autre dimension : dans un vent très stable d’une douzaine de nœuds, sous Code 0. Nous filons quasiment en permanence entre 9 et 10 nœuds, enchaînant plusieurs journées à plus de 200 milles, le tout dans un réel confort. C’est le bonheur. Dans ces moments-là, nous nous sentons invincibles. A une semaine des Marquises, il faut se résoudre à quitter ce courant qui nous aura bien aidés. Dans un vent toujours établi, on avance encore très bien, souvent autour des 7 nœuds. Ça y est, Hiva Oa est en vue. L’accueil aux Marquises est exceptionnel. Le père d’Hinatéa, qui connaît visiblement tout le monde sur l’île après y avoir vécu plusieurs années, a organisé un accueil avec les élèves du collège. On entend les percussions et les chants avant même d’entrer dans le port. Hinatéa est recouverte de colliers de fleurs et on nous offre des kilos de fruits frais.

Nous quittons les Marquises pour la dernière étape du voyage. Le bateau glisse bien sous Code 0, dans un vent régulier autour de 12-14 nœuds. Peut-être est-ce psychologique, mais j’ai l’impression que le bateau, plus léger qu’au départ de France, moins chargé en nourriture et en gazole, avance mieux. Voici l’anse Amyot, sur Toau. Cette anse est une fausse passe vers le lagon, protégée de la houle mais entourée de patates de corail, on a vraiment l’impression d’être au bout du monde. A une centaine de milles de Tahiti, nous essuyons le grain le plus violent de tout le voyage. Le vent monte de 10 à 40 nœuds en quelques minutes, et nous finissons par affaler entièrement la grand-voile, naviguant sous foc seul, quasiment en fuite. Notre dernier coucher de soleil en mer sera l’un des plus beaux de tout le voyage, et nous mouillons notre ancre pour la dernière fois. Le lagon de Tahiti est toujours aussi beau et sauvage dans cette partie de l’île. Avant de partir, nous n’avions ni l’un ni l’autre jamais passé une nuit en mer !

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