Cat’Leya

Traversée tendue en mer Rouge

Cat’Leya reprend sa navigation vers l’ouest, dans l’optique de fêter ses huit années de navigation en Méditerranée. Il lui faut donc traverser le golfe d’Aden puis remonter la mer Rouge, mais le contexte actuel au Moyen-Orient oblige Jean-Pierre et son équipier Mladen à redoubler de vigilance…

Fin 2023, alors que nous reprenons notre route, le conflit entre Israël et le Hamas entre dans une nouvelle phase meurtrière et se répand en mer Rouge et dans le nord de l’océan Indien par l’intermédiaire du mouvement Houthi du Yémen, qui cible le trafic maritime. Ainsi, depuis janvier, ce sont 64 événements liés à des attaques qui ont été recensés par la Marine nationale française dans le secteur. Dans le même temps, les actes de piraterie d’origine somalienne se multiplient, bénéficiant de la mobilisation des forces armées présentes sur la zone contre les attaques houthies. De quoi faire réfléchir les plus braves des voileux !
A bord de Cat’Leya, l’attente est de mise, et nous nous engageons dans un périple de découverte des Maldives, quitte à ne pas bénéficier de conditions météo aussi favorables lorsque nous atteindrons la moitié nord de la mer Rouge. D’autres choisissent l’option de l’Afrique du Sud, mais la plupart décident de rester une saison de plus dans le Sud-Est asiatique.

Début mars, quelques voiliers ont atteint Port Suez grâce à l’aide des marines de nombreux pays mobilisés pour garantir la liberté de navigation en mer Rouge. Les Houthis ne semblent viser que des navires marchands, particulièrement ceux de pays qu’ils considèrent comme ennemis, ainsi que ceux à destination d’Israël. Nous prenons donc la décision de tenter notre chance. La première étape consiste à s’enregistrer auprès des organismes militaires : Mica-Center en France, MSCHOA (Maritime Security Centre – Horn of Africa), qui coordonne les forces navales européennes, et UKMTO (United Kingdom Maritime Trade Operations). Il faudra ensuite suivre leurs consignes et leur transmettre un rapport de position quotidien.

Nous quittons donc Malé début mars. La navigation s’avère facile avec du vent portant et une mer calme, avec des périodes d’accalmie parcourues avec un moteur. Une semaine après notre départ, nous sommes par le travers de Socotra, avant de nous positionner quatre milles au sud du rail IRTC (Internationally Recommended Transit Corridor), qui longe la côte sud d’Oman puis le Yémen, afin de mettre le cap sur Djibouti. Nous entrons dans le redouté golfe d’Aden, où, de temps à autre, une annonce radio au fort accent japonais nous incite à signaler tout mouvement ou bateau suspect. Au terme d’une courte escale de trois jours, nous repartons pour Suhakin, au Soudan, à près de 600 milles plus au nord. Nous voilà dans la deuxième partie du voyage, la plus risquée. Nous passons le détroit de Bab El Mandeb (à peine 10 milles de large) à l’entrée de la mer Rouge. Il faut ensuite rester sur le rail de navigation tout en évitant les eaux territoriales érythréennes, où, semble-t-il, les garde-côtes font du zèle avec les voiliers trop téméraires. Une fois la latitude de la frontière sud de l’Arabie saoudite atteinte, nous pouvons nous considérer sortis d’affaire. Quatre jours après notre départ de Djibouti, nous entrons à Suhakin. Le site est magnifique, il s’agit en fait d’une île reliée au continent par un petit pont, au milieu d’un port naturel très protégé et facile d’accès, ce qui explique les milliers d’années de prospérité de la cité. Nous faisons ensuite escale dans le nord du Soudan, tout près de l’Egypte, à Marsa Oseif. Nous n’attendons désormais plus de surprise du côté de la météo, mais il faudra si possible éviter le vent de nord qui peut souffler très fort et génère une mer courte et dure. Il vaudra mieux privilégier des conditions calmes, quitte à user des moteurs. Le surlendemain, nous quittons le Soudan pour une navigation de plus de 300 milles vers l’Egypte et Soma Bay, où nous nous arrêtons le temps de quelques réparations avant de repartir pour Port Suez. Ces ultimes 200 milles sont agités, avec une mer courte et hachée, vent dans le nez : comme un air de Méditerranée ! Cat’Leya fait donc partie des rares bateaux qui ont traversé la mer Rouge cette année, ils sont fous, ces Gaulois !

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