Multicoque

Olivier de Kersauson - Le dernier des géants ?

Créez une alerte e-mail sur le thème "Multicoque"

MM - Parlez-nous de votre nouvel ouvrage, pour commencer…
ODK : Véritas tantam est le fruit des constatations d’un homme d’un certain âge – moi – sur le monde dans lequel il a vécu et la manière dont il le perçoit aujourd’hui. Je m’intéresse également à la façon dont ce monde est appréhendé par la nouvelle génération. Notre société est en constante mutation, l’important étant de garder le cap au milieu des tempêtes, de tenter de rester libre dans une société de plus en plus contrainte et surtout de ne pas sombrer dans les idéologismes et la pensée unique. Je me suis toujours méfié des affirmations de ceux qui veulent changer le monde au lieu de se poser la question si ce n’est pas à eux de changer eux-mêmes et de s’adapter. J’ai eu la chance de faire un métier où l’on devait s’adapter en permanence. S’adapter aux réalités maritimes, aux distances, à la météo qui sont immuables. Cette vie m’a donné un regard différent grâce à ce que j’ai traversé. Regardons donc le monde avec tendresse et bienveillance sans passer notre temps à s’ériger en victime. C’est une perte de temps. Soyons les enthousiastes de la vie et non les naïfs de notre existence. Vivre n’est pas un dû, c’est une chance.
MM - Quel regard portez-vous sur le développement technologique des multicoques de course d’aujourd’hui ?
OdK : C’est magnifique. Cette nouvelle génération est en train de vivre les évolutions que nous avons vécues avec la génération Pen Duick, dont j’ai eu la chance de faire partie. Nous nous battions comme le font encore les écuries d’aujourd’hui. Et toujours dans la recherche de la performance. La performance, c’est de l’intelligence appliquée. C’est la résultante de la réflexion, de la création et de leurs applications avec les mêmes questionnements qu’à notre époque.
La course au large, c’est le risque d’innover, de mettre au point, de franchir les limites sans savoir exactement ce que l’on trouvera derrière. C’est l’aventure totale, la plus exaltante de l’histoire maritime. On devrait couvrir de louanges les skippers pour leur courage et leur volonté à mener leurs trimarans, résultats d’une parfaite alchimie, au maximum de leurs possibilités. Et encore, on ne connaît pas les limites de ces nouveaux trimarans. Je suis très admiratif. Comme je le suis des sponsors qui prennent tous les risques pour accompagner financièrement ces projets. Avec les mêmes incertitudes et le même engagement.
MM - La course au large n’a-t-elle pas perdu un peu de son romantisme ?
OdK : Les années 1970/1980, c’était une tout autre époque. Ni mieux ni moins bien, tout simplement différente. Nous naviguions sans GPS, sans téléphone, sans électronique ni cartes météo, avec cette délicieuse réalité d’être seuls avec la mer et notre sens marin. Avec les mêmes doutes, les mêmes risques, mais toujours le même enthousiasme. La génération Pen Duick avait déjà tout inventé, de l’utilisation de flotteurs longs aux matériaux composites pour la construction, les mâts ailes et même ...

Se connecter

Mot de passe oublié ?

S'abonner

Abonnez-vous à Multicoques Mag et profitez de nombreux avantages !

Abonnez-Vous

Partagez cet article