
Numéro : 233
Parution : Octobre / Novembre 2025
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Lorsque Frédéric rentre chez lui après 10 mois passés à bord d’un trimaran, ses proches ne cessent de lui poser une seule et unique question : « Qu’as-tu aimé, préféré au cours de votre voyage ? » Pas facile de répondre de manière concise à une si vaste interrogation, surtout après la cascade d’émotions qui l’a submergé durant ce périple ! Alors, 6 mois après son retour à terre, Frédéric nous livre ses souvenirs et impressions de voyage sous un angle sensoriel et poétique.
Le temps agit tel un alambic en distillant les souvenirs, en édulcorant la mémoire des contingences logistiques, des infortunes de mer et des inquiétudes éphémères. Restent alors le parfum des sensations océaniques et la quintessence subjective de nos meilleures impressions de voyage. Après 6 mois de décantation terrienne, voici donc ma perception de ce que nous avons aimé au cours de notre circumnavigation dans l’Atlantique à bord de Yumelo, le Neel 43 que nous avons loué pendant 10 mois.
Nous avons aimé être en mer, naviguer, parcourir l’océan et nous confronter à son ampleur, éprouver la sensation d’infini qu’inspire son immensité, la perspective d’un horizon circulaire, par nature inatteignable.
Nous avons aimé faire corps avec Yumelo : osciller au gré des ondulations et soubresauts peu à peu familiers de l’océan, ressentir ses mouvements trépidants, cadence harmonique de nos jours, et ses mouvements lancinants, tempo soporeux de nos nuits. Nous avons aimé tanguer, rouler, danser et mettre notre équilibre à l’épreuve chaloupée de la houle.
Nous avons aimé être attentifs aux caprices de Neptune, aux moindres souffles d’Eole. Ressentir le vent du large lorsqu’il effleure ou percute notre visage, anticiper ses changements d’humeur et vivre au rythme fluctuant de cette nature bleue souvent docile, parfois hostile.
Nous avons aimé le sel, omniprésent, qui enveloppe, irrite, et appelle pourtant la nostalgie du bord de mer de notre enfance.
Nous avons aimé le ballet des astres, lorsque les dernières lueurs du jour s’effacent derrière l’horizon, que la lune, spectaculaire, fait une rousse apparition puis s’évapore dans un halo, que la mer scintille au levant, qu’elle étincelle au zénith, qu’elle rougeoie au couchant. Nous avons aimé ce quotidien panoramique et versatile en Technicolor.
Le ciel s’assombrit, le vent ne souffle plus, il siffle (Beaufort 7-8). Les vagues ne sont plus des collines et des vallons verdoyants, mais semblables à des pics enneigés. Il y a de l’électricité, mais aussi de l’humilité dans l’air, car Yumelo se cabre : nous avons réduit la voilure, pris un cap portant, fuyant. L’équipage, solidaire, se mobilise et redouble de vigilance pour affronter les éléments soudain belliqueux. Nous prenons ces colères passagères pour des piqûres de rappel, une injonction à ne pas négliger ni sous-estimer la puissante impétuosité de notre hôte, malgré l’adrénaline que nous ressentons.
Puis, après que ce grain a déguerpit vers d’autres horizons, après que cet orage s’en est allé électriser d’autres parcelles de mer, que ce front s’est déplacé vers d’autres batailles, nous avons aimé l’amplitude retrouvée, la douceur de l’alizé, la brise bienveillante qui réinsuffle avec parcimonie. Nous renvoyons le spi.
Depuis Yumelo, du haut de notre franc-bord, nous avons aimé deviner le foisonnement de l’univers marin, déceler les indices émergés de sa profusion. Ici, une ombrelle irisée et translucide emportée ...
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