Voyage

Nawaks - Ils sauvent des naufragés sur une île déserte !

Créez une alerte e-mail sur le thème "Voyage"

Qui : Anne-Sophie et Loïc, Océane (10 ans), Eléonore (7 ans)
Où : Australie et Papouasie-Nouvelle-Guinée
Multicoque : Outremer 45 (première génération)
Facebook : @Nawaks.Outremer.45
Quelle incroyable aventure de sauvetage en mer pour Nawaks ! Nous n’aurions pas pensé ce matin-là que notre journée prendrait une telle tournure. Après notre première nuit dans le détroit de Torres, nous avions prévu un deuxième arrêt sur l’îlot de Coconut, situé 40 milles plus au sud. Une fois l’école terminée nous levons l’ancre, hissons les voiles et attaquons la préparation du déjeuner. A ce moment-là, Loïc, assis à la table à carte, aperçoit des reflets sur un petit îlot à deux milles devant nous. Nous sortons les jumelles, mais nous sommes encore un peu loin. Quelques minutes plus tard, nous reprenons l’observation, car le curieux reflet est toujours là. Ce n’est plus un mais deux éclats qu’on aperçoit maintenant, et en approchant un peu plus, nous distinguons deux personnes sous les éclats. On se rend rapidement compte que ce sont des appels avec des miroirs de signalisation, à l’ancienne. Les enfants pensent même capter un message : trois courts, trois longs, trois courts ! Nous décidons alors de quitter le chenal pour nous approcher de l’îlot, sortons à notre tour un miroir pour prévenir les inconnus sur la plage que nous les avons repérés, et prévenons les autorités australiennes du Reef Vessel Traffic Service. Nous affalons les voiles et approchons. Nous apercevons aux jumelles deux personnes se diriger vers une embarcation. Une barrière de corail nous sépare, nous ne pouvons plus avancer. Nous décidons d’envoyer le drone pour voir ce qu’il en est. Nous découvrons alors une troisième personne. Voyant notre drone, ils montrent à ce drôle d’oiseau leur intention de mettre leur barque à l’eau, sans moteur, et indiquent qu’ils vont nous rejoindre à la rame. Toujours en lien avec les autorités par VHF, nous leur rapportons la situation. Nous prenons en remorque les trois hommes dans leur barque. Nous nous assurons tout de suite de savoir comment ils vont. Nous leur donnons de l’eau, de la nourriture, du paracétamol pour un homme malade, et des casquettes pour le soleil. Nous apprenons qu’ils sont pêcheurs, venus de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à 70 milles d’ici, et qu’ils sont perdus sur cet îlot depuis 10 jours, sans eau ni nourriture (juste des cocos). Nous attendons ensuite un accord des autorités australiennes pour les faire monter à bord.
Le JRCC, qui gère les secours en mer, prend le relais. Nous n’avons pas de clearance australienne car nous sommes seulement en transit dans la zone du détroit de Torres, et nous voulons bien tout clarifier et éviter les complications administratives. Les trois rescapés comprennent parfaitement la situation et ne désirent pas monter sur Nawaks tant que tout n’est pas en ordre. Ils sont surtout rassurés que nous les ayons découverts. Il faudra une bonne heure d’échanges par VHF, téléphone et mail pour obtenir l’autorisation de les faire monter à bord (merci Starlink). Nous leur préparons un repas et écoutons leur incroyable récit. En parallèle, tout s’organise avec l’Australie. Un agent des douanes nous attend sur Coconut Island où nous avions prévu de nous rendre, et nous remettons les voiles. Loïc devra encore échanger quelques mails avec le JRCC et répondre à leurs multiples demandes. Nous profitons de la navigation pour que nos invités contactent leurs familles par téléphone en Papouasie et les rassurent.
L’avion de contrôle du détroit nous survolera deux fois et nous demandera notre provenance, notre destination. Nawaks est bien connu ici maintenant, notre passage n’est pas très discret ! Arrivés à Coconut Island en fin d’après-midi, nous déposons nos rescapés, accueillis par trois infirmières et un douanier avec combinaisons de cosmonautes, masques, etc. Nos pauvres pêcheurs ont dû vider leurs affaires, jeter les trois noix de coco qu’ils avaient encore, et même abandonner la nourriture qu’on leur avait donnée dans leur barque le temps qu’ils aient le droit de monter sur Nawaks. Les autorités ont agi efficacement tout au cours de cette journée, et le fait d’avoir une connexion Internet à bord a grandement facilité toutes les démarches. Mais comment nos hôtes ont-ils fini naufragés sur une île déserte ? Partis de Papouasie pour leur pêche habituelle, ils étaient cinq dans une barque de petite taille. Le mauvais temps les a surpris, ils se sont perdus puis échoués sur le petit îlot inhabité de Rennel Island, dix jours plus tôt. Le chef de bord, accompagné d’un autre pêcheur, après une dispute, a décidé de repartir en laissant sur place ses trois compères. Les deux hommes ne sont jamais revenus ! Pour se nourrir et boire, les naufragés n’avaient donc que des noix de coco. En parcourant l’îlot, nos Robinson ont trouvé une vieille barque dépourvue de moteur (celle des photos) et ont ramassé d’autres déchets pouvant éventuellement leur servir (planches de bois pour faire des rames, par exemple). Quand nous les avons recueillis, ils étaient en train d’essayer de fabriquer une voile avec des branches et des feuilles, désespérant de se faire repérer. Ils avaient pourtant essayé les signaux de fumée, et tentaient à chaque passage de bateau les signaux avec les miroirs. Ni les cargos, ni les avions qui patrouillent en permanence, ni les bateaux pilotes n’étaient venus les secourir. Tout est bien qui finit bien !

Partagez cet article