Voyage

Catamaran-stoppeuse en tour du monde Navigation sauvage en Indonésie

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Qui : Sandrine (32 ans), Joé (40 ans), Myriam (28 ans)
Où : de Timor aux Mentawaï (Indonésie)
Multicoque : Seabra, Perry 43
Blog: www.awingtour.com 
Je suis bateau-stoppeuse. Après la Méditerranée, l’Atlantique, la Caraïbe, la mer de Cortez puis le Pacifique, j’ai embarqué en juillet pour la première fois sur un catamaran dans le rôle de skippeuse avec un capitaine, Joé, qui avait à peine 400 milles de cabotage à son actif. A Darwin, j’ai recruté une équipière, avec qui nous avons constitué un trio hétérogène et désormais soudé par l’amitié. Quel immense plaisir d’établir l’itinéraire sans subordination, sans contrainte de temps et avec un maximum d’îles sauvages ! Au départ, il a fallu s’armer de patience et d’humour pour réussir les formalités d’entrée en Indonésie, qui ressemblent à une chasse au trésor dans un labyrinthe tropical urbain avec des énigmes en indonésien. Même bien préparés et avec l’aide d’un agent, à terre comme en mer, nous avons vécu avec les autorités de Kupang un véritable ballet, mais le jeu en valait la chandelle ! Si ce n’est à Bali et à Lombok, il n’y a pas de balisage, pas de marina, pas d’anglais, rarement l’électricité et pas de magasin, mais à mon sens, nous avons eu bien plus. Les petites îles de la Sonde offrent de précieux trésors de voyage, comme je les appelle : nos échanges authentiques avec les familles musulmanes, hindoues ou animistes, nos trocs avec les pêcheurs au lever du jour, et des fonds marins exceptionnels ont fait notre quotidien. De juillet à novembre, entre Timor et Sumatra, nous avons toujours bénéficié d’un vent très stable de sud-est d’une vingtaine de nœuds qui nous a offert des navigations inter-îles plutôt calmes, sous spinnaker, ou alors génois et grand-voile en ciseaux. Les éclairs de chaleur ont illuminé nos nuits et ne se sont transformées que par deux fois en orages, que nous avons facilement contournés. Les dangers sont plutôt venus des courants forts – jusqu’à 7 nœuds entre les îles de Nusa Penida (Cristal Bay) – et des fonds marins, qui ne sont pas toujours bien cartographiés. Aux Mentawaï, nous avons ainsi vécu deux frayeurs. En effet, habituée aux monocoques, je découvrais les avantages d’un tirant d’eau réduit qui rend moins réelle la présence des récifs. Belle erreur, car nous avons subitement vu la couleur de l’eau virer du bleu océan au vert corail. En quelques secondes, le sondeur est passé de 60 m à 2 m, et nous avons frôlé un petit mont sous-marin circulaire. Si nous avions navigué à bord d’un monocoque, on dégommait la quille. Même si Joé ne savait pas (encore) différencier une drisse d’une écoute, il connaissait par cœur son Perry 43 et maîtrisait la conduite de son annexe, ce qui nous a permis d’accéder à l’inaccessible. Je n’avais encore jamais franchi les barrières de corail avec l’annexe façon Kon Tiki en surfant la plus haute série de vagues, survolant le récif bouillonnant pour atterrir dans le calme turquoise, frisson garanti ! Ce fut de loin la plus somptueuse des îles de tout mon voyage, l’îlot de Salura, au sud-ouest de Sumba.

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