Voyage

Les San Blas, entre ciel et mer

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Les San Blas, combien de fois a-t-on entendu parler de ces îles… Les tourdumondistes qui relatent leurs histoires à faire pétiller les yeux n'en disent généralement que du bien. De nombreux bateaux en font un passage obligatoire avant d'embouquer le canal de Panama pour rejoindre le Pacifique. Avant un arrêt furtif aux abords des côtes de Colombie et quelques îles, dont Carthagena, Cabo de la Vela, Santa Rosario et Bernardo, nous prenons nous aussi le cap des San Blas vers les îles plus au sud.

Croisiere Les San Blas

Devant Isla Pujadas, le catamaran n'a que 30 cm sous les quilles

Il faut compter à peine 24 heures pour rejoindre Mono Island depuis San Bernardo, notre première halte aux San Blas. La traversée est agréable dans l’ensemble, mais toute la houle de l’Atlantique vient s’écraser dans ce golfe au fin fond de la mer des Caraïbes, l’océan reste plutôt brouillon.
Mais quelle surprise à notre arrivée de découvrir que nous y sommes le seul bateau ! Et pourtant, ce n’était pas ce que nous pensions, ou plutôt ce que l’on avait entendu… Mais n'émettons pas de préjugés et jugeons plutôt par nous-mêmes en oubliant tout ce qui a été dit à propos des San Blas. L’entrée depuis le nord n’est pas une mince affaire, les cartes sont fausses, il nous faut nous rapporter aux calquages faits par Eric Bauhaus sur son guide, il y a quelques années de cela. Des vagues s’écrasent sur bâbord et tribord, et le sondeur annonce 5 mètres, nous ne voyons même pas le fond, nous sommes sur nos gardes. Heureusement, Bauhaus a bien fait son travail ! Nous voilà donc à Mono Island, seuls, assez étonnés de ne pas voir de petites embarcations kunas sur l’horizon. D’un côté, la jungle panaméenne, de l’autre, des îles faites uniquement de sable et de cocotiers. Bienvenue au paradis !

Croisiere Les San Blas

Un plus du cata, pouvoir s'avancer sur les hauts-fonds sableux

Rentrons dans le vif du sujet, et commençons à armer le matériel qui m’est indispensable. Mon appareil photo, et mon drone. Eh oui, un drone, mais pas un simple jouet, un véritable outil de photographie et de vidéographie. En en ayant récemment fait l’acquisition, je me doutais bien que ce petit bijou donnerait une toute nouvelle perspective à bord du bateau. Les essais s’enchaînent depuis la Colombie, et cela ne fait qu’égayer mon humeur. Avec un tel simulateur de jeu et aux commandes de ce quadroptère, je survole le bateau et les îlots à toute vitesse.
Le mouillage est parfaitement calme, on aperçoit, au fond d’une petite baie, un renfoncement de mangrove, derrière, de la fumée sort. Il y a certainement un village de Kunas. Nous n’osons pas nous engager dans la forêt pour aller voir de plus près.

Croisiere Les San Blas

Pirates.com tel un albatros, génois en ciseaux

Nous préférons oublier les "mouillages indiqués" et choisir l’endroit qui nous semble le meilleur. Deux jours plus tard, après nous être baladés aux alentours de Mono Island, et avoir découvert que de nombreux villages kunas se cachaient en forêt et non au bord de l’eau, nous parcourons un simple mille pour rejoindre la minuscule Isla Ilestu. Mais le courant et le fond ne permettent pas de mouiller, et nous finissons par aller nous protéger derrière Isla Suledup, 500 mètres plus loin. Nous y croiserons enfin un voilier, bien surpris de voir un bateau dans le coin. Une semaine qu'ils étaient seuls dans ce petit coin de paradis… La question se pose alors : où sont tous les bateaux, ces voiliers qui fourmillent le long des petits atolls ? En attendant de les trouver, nous sommes bien contents d’avoir des îlots pour nous seuls !
Autour du bateau, l’eau est trouble, à notre plus grand étonnement. Une plongée serait inintéressante, d’autant plus qu’il y a, selon les dires, des crocodiles de mer dans le coin. Nous nous contentons donc de regarder et évitons les baignades !

Croisiere Les San Blas

Les Indiens Kunas amènent des cocos d'île en île à bord de leur barque en bois

Un jour, un mouillage

Finalement, nous choisissons l’option un jour, un mouillage. Sinon, on ne s’en sort plus !
Vers 10 heures, l’ancre sort de son logement sableux, et nous prenons, au hasard, une nouvelle île. La remontée s’effectue doucement, avec cependant quelques petites appréhensions sur les formalités ; jamais auparavant nous n’étions entrés dans un pays sans faire les papiers immédiatement. On "nous a dit" que ça ne posait aucun problème de les faire 15 jours ou trois semaines plus tard, alors on verra bien !
Trois, quatre, cinq mouillages plus tard, toujours aucun voilier, mais les Kunas se dévoilent, et nous apprécions leur indifférence envers les étrangers. Ils n'y a aucune ambiguïté ; ils n’essayent pas de nous "avoir" ou de nous taxer des dollars. Ils restent timides et, parfois, arrivent même au bateau en sortant une "langoustina !" Les villages grossissent, et les îles habitées n’ont plus aucune parcelle de verdure. Une île pour la maison, une autre pour le jardin, c’est comme ça que ça se passe aujourd'hui aux San Blas !

Croisiere Les San Blas

Notre plantation de cocotiers personnelle ! Ils seront visibles par satellite d'ici quelques années, probablement !

Nous arrivons bientôt dans les coins soi-disant les plus fréquentés, mais nous ne trouvons toujours aucun voilier aux mouillages. Nous sommes à Aredup, et y restons deux jours, faisant une exception sur notre planning tant le mouillage nous plaît. Eh oui, encore un avantage du cata, avec 90 cm de tirant d’eau, nous pouvons rentrer dans un herbier à quelques mètres de la plage, dans 1,2 mètre d’eau.

Croisiere Les San Blas

Des merveilles et des couleurs sous les mers…

La solitude, c'est fini !

Quelques jours plus tard, l’horizon se bonde de mâts, c’est terminé, la douce et agréable solitude ! Le doute des formalités persiste et nous préférons ne pas trop tarder à rejoindre Porvenir, la capitale des San Blas, pour y obtenir notre visa. Porvenir est, sans aucun doute, la plus jolie capitale que nous ayons jamais vue. La piste d’aéroport fait toute la longueur de l’île, avec un petit hôtel, un restaurant, ainsi que les douanes et l’immigration, autant dire qu’ils ne sont pas bien nombreux !
Les formalités ne sont pas longues à faire, mais quelque peu coûteuses, voire très coûteuses. Nous nous en sortons au final pour 585 $. La plus chère clearance jamais faite jusqu’à présent dans notre tour du monde. C’est pas moins de 100 $ par personne, et autant pour le bateau. Certains d'entre vous essaieront peut-être de ne pas faire les formalités, mais attention, la rumeur des militaires qui ne contrôlent pas est fausse ! Un bateau armé de militaires circule dans toutes les San Blas, et nous nous sommes d’ailleurs bien fait contrôler par ces officiers deux jours après avoir fait notre entrée "officielle" aux San Blas.

Croisiere Les San Blas

Les requins nourrices sont inoffensifs, et il est facile de nager avec eux aux San Blas

C'est donc l'esprit plus tranquille que nous pouvons désormais nous balader – sans appréhension – et profiter pleinement des îles cocotiers. Les endroits les plus populaires et à ne pas manquer aux San Blas sont les Cayo Holandeses, Coco Verde ainsi que Coco Banderos. Impossible de les louper, les bateaux agglutinés les uns aux autres indiquent le chemin… surtout lorsqu’un rallye passe par là ! Mais il est très facile de se trouver un petit mouillage tranquille sans aucun voilier. Les mouillages se suivent, tout comme les plongées ! On passe certainement plus de temps sous l’eau à prendre des photos et à chasser. Les San Blas sont de superbes îles, mais finalement... elles se ressemblent toutes ! Cocotiers et plages de sable blanc, mais nous n’en sommes pas pour autant blasés !
J’en profite pour travailler avec les voiliers en prenant des vues aériennes de leurs bateaux, l’idée plaît beaucoup, surtout dans un cadre comme celui des San Blas.

Croisiere Les San Blas

Les Kunas viennent nous proposer crabes et langoustes à bord d'une embarcation aux voiles… sympathiques !

Il est possible de se ravitailler un peu en nourriture sur l’île de Narguana, près de la côte. Le village est assez petit, il est rapide d'en faire le tour ! C’est également possible de remplir ses réservoirs d’eau, d’une manière très charmante : les Kunas vont chercher l’eau dans le Rio Diablo, et remplissent des fûts de 300 litres qu’ils amènent directement au bateau. Pour 5 $, nos réservoirs d’eau sont pleins.
Remonter la rivière à la rame, ce que nous ferons, est vraiment amusant à faire, et nous emportera dans l’authenticité de la population Kunas. Les Indiens font leur lessive en amont, le contraste est fabuleux.


Nous sommes finalement restés un mois aux San Blas. Et nous en garderons tous à bord un souvenir enchanté, coûteux en formalités, certes, mais très plaisant. Et puis, il est temps de continuer le voyage. Nous prenons donc la direction de Puerto Linton, avant de passer le canal de Panama depuis Colón pour retrouver notre cher Pacifique.

Croisiere Les San Blas

Rencontre entre pirogue kuna et cata…

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