James Wharram - Un architecte de multicoque visionnaire disparaît

« Nous sommes très tristes d'annoncer que le 14 décembre, James Wharram a quitté notre monde, rejoignant Ruth, Jutta et ses nombreux amis proches qui sont partis avant lui. À 93 ans, son esprit a rejoint d’autres cieux.

James était un pionnier, un combattant, un visionnaire déterminé. Dès son plus jeune âge, il a suivi ses passions - parcourir le monde – défendre une politique juste – rencontrer des femmes brillantes - naviguer sur les mers - prouver que le double canoë polynésien était un support digne de l'océan - devenir un homme de la mer.

Ces passions ont fait de lui un pionnier de la voile en catamaran et un concepteur de renommée mondiale de catamarans uniques de type double canoë qui naviguent désormais sur les océans. Il a conçu ces multicoques pour ceux qui voulaient échapper à leur train-train quotidien, leur a proposé des bateaux qu'ils pouvaient construire à un prix abordable et leur a donné l'opportunité de devenir des gens de la mer, comme lui.

La vie qu'il a choisie n'a jamais été facile, il a toujours combattu les conventions et les a priori. Sa personnalité passionnée aux multiples facettes attirait beaucoup les femmes fortes et indépendantes qui l'aidaient dans ses activités, à commencer par Ruth, sans qui il n'aurait jamais atteint ses objectifs. La jeune Jutta les a rejoints dans leurs voyages océaniques initiatiques et était la mère de son premier fils. Malheureusement, elle est décédée très jeune d'une maladie mentale à la suite de ses expériences traumatisantes d'enfance pendant la Seconde Guerre mondiale.

James a vécu toute sa vie ouvertement avec plusieurs femmes, jusqu'à cinq à son apogée dans les années 1970, avec qui il a construit ses catamarans et navigué. Aux côtés de Ruth, décédée il y a huit ans à l'âge de 92 ans, j'étais son autre partenaire de vie et âme sœur. J'ai rencontré James pour la première fois alors qu'il était en pleine conception de sa gamme de designs classiques dans les années 1960, ce qui l'a amené à devenir une figure iconique dans la société alternative des années 1970. Avec le temps, je suis devenu son partenaire de conception et avec Ruth, nous formions un trio inaltérable. J'ai donné naissance à son deuxième fils et ensemble, nous avons donné naissance à de nombreux nouveaux modèles de canoës doubles.

James a réalisé tout ce qu'il s'était proposé de faire dans cette vie, mais n'a reçu la reconnaissance publique de l'establishment que ces dernières années. Le projet final était son autobiographie, publiée il y a un an sous le titre « People of the Sea », sur laquelle il a travaillé pendant de nombreuses années, car il était très critique envers sa propre écriture. Nous avons travaillé ensemble pour le compléter et le faire publier.

Les gens appelaient James le grand James Wharram, la légende vivante, mais il ne se considérait pas comme tel. Il savait que c'était son grand nombre de constructeurs et de marins, leurs beaux bateaux et leurs grands voyages qui avaient créé le célèbre Wharram World. Il les considérait comme les vrais héros.

Malheureusement, au cours des dernières années, le cerveau de James, dont il parlait toujours comme une entité distincte, a commencé à lui faire défaut à cause de la maladie d'Alzheimer. Il était très affligé de perdre ses capacités mentales et a lutté avec son existence diminuée. Il ne pouvait pas faire face à la perspective d'une nouvelle dégradation et a fait le choix très difficile d'y mettre fin lui-même. C'est avec beaucoup de courage qu'il a vécu sa vie et avec beaucoup de courage il a décidé qu'il était temps d'en finir.

En ce moment de grande perte, nous devrions tous nous souvenir des bons et glorieux moments d'une vie épanouie. Ce n'est pas la fin ; moi, nous, tout le monde de Wharram garderons son travail vivant. »