Catamaran

Année 2018 Ce qui a marqué les membres de la rédaction de Multicoques Mag

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Un dynamisme enviable !

Ce qui m’a frappé cette année, c’est le dynamisme incroyable de la filière multicoque. Les grands chantiers s’agrandissent, embauchent, se modernisent, innovent et lancent même – je pense à Excess – de nouvelles marques. Lors de mon tout dernier reportage sur l’ARC, ce fameux rallye transtlantique, j’ai pu mesurer à quel point le multicoque devenait LE support pour naviguer et partir. Sur les deux cent voiliers que ont pris le départ, près de cinquante sont des multicoques. Ils étaient quinze il y a dix ans… Mieux : l’âge moyen de la flotte est de 18 mois quand les monocoques affichent déjà 15 printemps. Et l’âge moyen du Capitaine ? Bien plus jeune, parfois débutant, souvent accompagné de femme et enfants. Preuve que la vie à bord est bien plus séduisante à plat – et au même niveau. Et que notre univers du multicoque est ouvert à tous !

Emmanuel van Deth
Rédacteur en chef de Multicoques Mag / Multihulls World

 

Et l'homme raccourcit le monde…

Ceux d'entre vous (nous ?) qui ont les cheveux gris, se souviendront peut-être d'une époque pas si lointaine, où l'idée de faire le tour du monde en moins de 80 jours semblait juste… irréaliste ! C'était en 1993 et l'impensable a pourtant fini par se réaliser : Bruno Peyron et ses hommes mettront 79 jours et 6 heures pour faire le tour du monde par les trois caps en voilier (en catamaran pour être précis).
En une génération seulement (25 ans exactement), le monde s'est réduit de moitié, puisque Francis Joyon en équipage a établi un nouveau record en 40 jours. Mais le plus incroyable est le temps pulvérisé par François Gabart en solitaire. 42 jours pour faire le tour de notre toute petite planète. Un exploit ? Non, un miracle de compétence et de talent ! Et à l'arrivée de la Route du Rhum, qui avons-nous retrouvé bord à bord après 3 600 milles d'une régate acharnée ? Les deux mêmes incroyables marins qui n'auront finalement qu'une poignée de minutes d'écart au moment de passer la ligne.
Tant que ces porteurs de rêves existeront, le monde ne pourra qu'aller (un peu) mieux !
Heureusement pendant ce temps, les lecteurs de Multicoques Mag continuent de naviguer autour du monde, à des vitesses bien plus raisonnables pour profiter de la vie !

JC Guillaumin
Editeur de Multicoques Mag / Multihulls World

 

2018 année affoilante !

L'année 2016 avait eu pour point d'orgue la séance d'entraînement en rade de Brest à bord de l'AC45' Turbo de Franck Cammas et ses boys ! Cet engin mi-ange mi-démon hurlant sur ses foils lors d'accélérations inimaginables (les coups de freins n'étaient pas moins spectaculaires!) m'avait bouleversé; le matin en découvrant une telle furie à bord du tender du coach, je devais réfréner une légère appréhension, le soir en rentrant, tremblant de froid et d'émotion, j'étais prêt à signer pour une semaine ! Fin 2017, j'ai découvert après le salon de Barcelone le fantastique TF10', encore une machine folle sur foils! Plus civilisée avec ses appendices en Z qu'il est possible de laisser en position lors des virements-empannages, ce splendide trimaran en carbone m'a envoûté en me laissant penser que le vol stable était devenu chose commune, je suis rentré avec la banane! En juillet 2018, j'ai volé sur le fantastique Gitana XVII, 32m, 36nd, 15 tonnes, un environnement de Faucon Millénium, et la magie fantastique de sillages qui disparaissent dans la poudreuse. J'ai trouvé cela aussi beau que Mozart, Von Karayan et Enzo Ferrari associés pour le challenge de l'extase. Je n'ignore rien de la suite, des aléas et des souffrances morales et physiques que de de telles machines stratosphériques font endurer à leurs pilotes volants (surtout lancées dans le chaos du golfe de Gascogne en hiver); j'ai pourtant eu tant de plaisir à vous faire partager ces petits miracles dans notre magazine que je ne demande qu'à recommencer ! Bye Bye Archimède, laisse-moi encore rêver un peu !

Philippe Echelle
Responsable des essais Multicoques Mag / Multihulls World

 

Une énergie sans limite

L’année 2018 aura été marquée par l’avènement et la maturation du mix de technologies faisant entrevoir la possibilité, à moyen terme, de s’extraire de l’énergie fossile sur nos bateaux de plaisance. A l’image d’Energy observer qui vient de boucler un tour de Méditerranée sans émission de C0² et s’apprête à partir pour un tour du monde flanqué de deux ailes semi-rigide automatisées, le bon en avant effectué par l’industrie nautique nous fait espérer une navigation plus propre sous peu. Les performances en hausse des hydrogénérateurs, éoliennes, panneaux solaires, batteries, calculateurs d'énergie, moteurs et hélices et l’apparition des tissus solaires sur les voiles et tauds optimisant la surface ensoleillée ou la mise au point des piles à combustible vont permettre - rapidement - une évolution majeure dans la gestion des énergies du bord.
Certes, le coût est encore dissuasif et il y a encore d’énormes progrès de fiabilisation à effectuer mais le calendrier est déjà imprimé…  Nous aurons ainsi le plaisir, dans le courant 2019, de voir apparaitre le premier catamaran de plaisance n’utilisant aucune énergie fossile pour se mouvoir autour du monde, Le Daedalus 80 sera le premier à nous faire réaliser qu’il sera bientôt possible de naviguer sans bruit de moteur…  

Norbert Conchin
Spécialiste Yachts et équipement

 

Héroïque !

Des moments marquants sur l’eau, en 2018, il y en a eu… Heureux, héroïques, choquants et parfois même comiques… Cette année, un marin et son trimaran nous ont même fait partager toutes ces sensations ; pour moi c'est Armel Le Cléac'h.
J’ai vécu sa victoire du Vendée en 2017 en direct, il brandissait son trophée avec le sourire d’un gamin à qui on vient d’enlever les petites roues de son vélo,  la fierté et la satisfaction mêlées à l’épuisement le plus complet…
Cette année, j’attendais donc avec impatience la suite de son parcours, cette fois sur trois coques.
Et puis l’impensable arriva…  Pas une fois : deux fois.
Ce que je retiens de ces fortunes de mer, ce n’est pas un flotteur d’Ultime qui se fait la belle ou un sauvetage houleux orchestré par un chalutier portugais. Sans évoquer la grosse frayeur pour le skipper… non, ce qui me fascine, c’est l’état d’esprit d’Armel, sa persévérance qui ne le quitte pas d’une semelle de Docksides. On chavire, on sécurise homme et bateau, on lance un Mayday et on repart : la prochaine devrait être la bonne. Mais les trimarans qui nous font rêver sont toujours plus performants… et exigeants. Le challenge est chaque année plus difficile encore.
C’était ça mon année 2018. J’ai réalisé qu’un grand marin est celui qui sait encaisser ses échecs et reprendre le dessus. Non pas sur la mer, mais sur son idéal du multicoque de course.  

Gwen Dorning
Managing Publisher

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