Voyage

La grande croisière à l'heure du COVID 19

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EUROPE

Au cœur de la pandémie à l’heure où nous écrivons ces lignes, la plupart des pays européens ont purement et simplement interdit la pratique de la navigation de plaisance sur leurs côtes. L’Etat d’urgence a été décrété dans plusieurs pays dans lesquels les ports sont interdits d’accès. La situation est potentiellement un peu plus souple si vous êtes détenteur d’un passeport ou êtes résident permanent d’un pays de l’Espace Schengen, et que vous pouvez prouver être en route vers votre pays de résidence et avoir une raison impérieuse de faire escale dans un port. Ceci serait sans doute le cas d’un navire s’abritant d’une mauvaise météo, ou devant faire le plein de carburant ou encore l’avitaillement pour continuer sa route. Dans ce cas, certains pays vous laisseront au mouillage, d’autres entrer dans les ports mais vous interdiront d’en repartir tant que les mesures de confinement resteront en vigueur dans le pays. Une période de quarantaine de 14 jours sera également imposée dans de nombreuses régions (Algavre, nord du Portugal…). Notez qu’à Madère, Porto Santo et aux Açores, les escales des navires de plaisance sont actuellement interdites, ce qui complique jusqu’à nouvel ordre la traditionnelle route retour vers l’Europe qu’empruntent tant de bateaux au printemps.

 

ARC ANTILLAIS

Très fréquenté en cette saison, l’arc antillais aurait pu devenir une zone de navigation particulièrement complexe dans la situation actuelle, chaque île ou presque pouvant édicter une règlementation différente. Mais la situation est plutôt simple – et difficile : les îles ont toutes interdit l’entrée aux navires de plaisance. Certaines, comme Saint-Lucie, sont entrées en confinement hors activités essentielles le 23 mars. Pour les départements français de la Martinique et de la Guadeloupe, l’escale des navires battant un pavillon hors Union Européenne est proscrit. Pour ceux arrivés avant le 23 mars ou pour les bateaux immatriculés dans l’UE, l’escale et le séjour sont possibles, avec les mêmes règles de confinement que pour les terriens. Un schéma très didactique, en français, de ce qu’il est autorisé de faire et de ne pas faire a été publié à ce sujet par la Direction Maritime de la Martinique ICI. Même la baignade autour de son bateau peut être règlementée, comme aux Saintes en Guadeloupe. Il y est désormais interdit de s’éloigner de plus de 15 mètres de son bateau et pas plus d’une heure. Si la situation n’était pas aussi grave, l’anecdote prêterait à sourire et à bénir nos chers multicoques, qui offrent dans ces circonstances une bien plus grande zone de baignade autorisée qu’un monocoque !

 

USA / CANADA

Depuis le 19 mars, le Canada a fermé ses frontières aux navires étrangers, y compris Américains. Seuls les Canadiens peuvent rentrer sur le territoire mais devront observer une quarantaine de 14 jours. Aux Etats-Unis la situation est beaucoup plus complexe, car dépendant à la fois de lois fédérales, de chaque Etat, mais aussi de règlements de police locaux rendant parfois les situations ubuesques. Mais depuis le 18 mars, les marinas ferment les unes après les autres, de Fort Lauderdale à Seattle, comme de New York à San Diego et les Etats-Unis sont en train de prendre le virage d’une fermeture des frontières. A moins que vous ne soyez citoyen Américain ou résident permanent, il sera très probablement impossible de rentrer aux USA en bateau dans les semaines à venir.

PANAMA

C’est LE point de passage obligé en cette saison pour qui n’a pas forcément envie de se frotter au Cap Horn ou de faire le grand tour par l’Afrique du Sud soit 99.9% d’entre nous. Or, depuis le 23 mars et au moins jusqu’au 6 avril, son accès est interdit à tout navire de moins de 65’. Qui plus est, tout navire arrivant des eaux internationales devra respecter une quarantaine de quatorze jours et respecter un couvre-feu qui n’autorise que deux heures de sortie par jour pour se procurer nourriture et/ou médicaments. Michel, Marie et Thimotée (6 ans) à bord de Caretta ont eu la chance de passer juste la semaine d’avant ! Ils sont maintenant bloqués, mais heureux, aux Iles Perlas, faute de certitudes sur l’accueil qui leur sera réservé en Polynésie Française…

PACIFIQUE

Le Covid-19 s’étant répandu dans le monde en quelques semaines, il n’a pas épargné la zone Pacifique, surprenant certains navigateurs en pleine traversée comme les concurrents du World ARC entre Galapagos et Marquises. Les règles ont changé en cours de route et rien n’est simple. Les autorités de Polynésie Française semblent admettre que le temps passé en mer peut être déduit de la quarantaine de 14 jours, ce qui dans le cadre d’une transpacifique est vraiment une bonne nouvelle. Et même si cela paraît logique, c’est toujours mieux en le disant ! Mais il est aussi prévu que les non-résidents soient renvoyés en avion vers leur pays d’origine, devant laisser le bateau sur place… Dans l’attente, et dans tous les cas, vous devrez respecter les consignes de confinement local qui touchent jusqu’à la Tasmanie, comme le rapporte le Marine and Safety Tasmania (MAST). Après avoir adopté de telles mesures, l’Australie a plus radicalement fermé ses ports aux navires de plaisance étrangers le 18 mars dernier. Franck et Mary à bord du HH55 Ticket to Ride prennent ces circonstances exceptionnelles avec philosophie. Alors que l’avitaillement était fait pour quitter le Mexique direction la Polynésie Française, tout est devenu incertain. Mais les options qui sont sur la table sont vues comme autant de belles opportunités : continuer à explorer le Mexique, partir vers Hawaï et depuis Hawaï soit redescendre vers Tahiti quand le temps et la situation sanitaire le permettra, soit remonter découvrir l’Alaska. Il y a pire comme perspectives de confinement.

OCÉAN INDIEN

Plus loin vers l’Ouest, pour ceux qui avaient la chance de découvrir l’Asie, rien n’est simple non plus. Des pays aussi magnifiques pour la navigation que la Thaïlande, les Philippines ou la Malaisie ont fermé leurs frontières. Le Cata Plume a quitté Bali direction Christmas Island décidant de prendre 500 bons milles de recul sur le bruit et la fureur du monde dans ce grand parc naturel. Black Lion de Cyril et Magali Jagot ont pour leur part décidé de vivre leur confinement en mer, parvenant à quitter le Sri Lanka direction les Seychelles, plus de 1 700 milles de mer, les pleins faits. Si les Seychelles se ferment d’ici là, ils auront toujours la possibilité de descendre sur Madagascar, Maurice ou La Réunion.

AFRIQUE DU SUD

Que vous alliez vers l’est ou que vous veniez de l’océan Indien, l’Afrique du Sud est une escale incontournable avec une longue tradition maritime mais qui doit également protéger sa population. Aussi, depuis le 24 mars, si les escales de plaisanciers sont officiellement interdites, ceux ayant besoin d’un abri, et ce n’est pas rare dans ces contrées, seront accueillis. Ils seront néanmoins mis en quarantaine, et ne pourront plus sortir avant la fin du confinement du pays.

 

Pour connaître la situation précise dans chaque pays, nous ne pouvons que vous conseiller l’excellent site dédié à la grande croisière, Noonsite qui effectue un magnifique travail de collecte et mise à jour des informations. En cette période troublée, n’hésitez pas à nous donner de vos nouvelles, à partager vos expériences, vos liens vers les sites officiels faisant référence dans votre pays ou ceux que vous traversez en nous écrivant à redaction@multihulls-world.com. Mais surtout prenez bien soin de vous, de ceux qui vous entourent et à très bientôt sur l’eau nous l’espérons.

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