Course au large

Pen-Duick IV - Une réplique sur la Route du Rhum Destination Guadeloupe 2026 !

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Quant à l’association Éric Tabarly, qui gère les cinq Pen-Duick, elle a démarré une action pour que tous ses navires le soient également… « Les délibérations sont actuellement en cours à la DRAC de Bretagne, explique Arnaud Pennarun, marin-constructeur. Cela serait une première en France et en Europe ; aucune flotte de voiliers, témoignant chacun d’un pan de l’histoire de la course au large et des innovations de génie d’un seul homme, n’a réussi à être conservée dans son ensemble jusqu’à aujourd’hui et obtenu ce statut qui lui permettrait d’éviter d’être dispersée. »
Arnaud connaît parfaitement son sujet puisqu’il a bouclé la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022 à bord de Pen-Duick III… et juste après les exploits de Marie Tabarly (fille d’Eric), tout juste victorieuse de l’Ocean Globe Race à bord de Pen-Duick VI, le skipper annonce un projet pour le moins ambitieux : s’aligner au départ de l’édition 2026 de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2026 en catégorie Rhum Multi à bord d’une réplique de Pen-Duick IV, pas moins. La nouvelle est tombée le 24 avril, pas le 1er, ce n’est donc pas une blague (de bon goût si cela avait été le cas…)
La construction du trimaran, qui serait réalisée par le Chantier Naval de Pors-Moro à Pont-L’Abbé (Finistère) dirigé par Arnaud, pourrait débuter fin 2024.
« Il manque le maillon de 1968, l’année qui a vu naître Pen-Duick IV, le trimaran le plus grand, le plus innovant et le plus rapide de sa génération, argumente le marin. Reconstruire ce multicoque est l’opportunité de compléter la flotte des Pen-Duick et de les réunir à nouveau tous les six. De plus, les équipes et la dimension du Chantier Naval de Pors-Moro vont nous permettre de reconstruire avec précision et fidélité ce trimaran si emblématique de la course au large », indique-t-il. Estimant qu’un « bateau de cette trempe ne saurait rester au ponton trop longtemps avec ses frères Pen-Duick », il souhaite courir la Route du Rhum – Destination Guadeloupe avec, puis lui faire prendre le départ de The Transat CIC, « course pour laquelle il a été pensé et construit ».

Pen-Duick IV, le premier trimaran de course au large

Dessiné par l’architecte sétois André Allègre, Pen-Duick IV, construit en 1968 aux Chantiers et Ateliers de la Perrière à Lorient, est un trimaran en aluminium ultra moderne pour l’époque. Pionnier, Éric Tabarly avait imaginé un trimaran de 20,80 m de long pour 10,70 m de large, équipé de deux mâts tournants. L’objectif : concevoir le trimaran le plus rapide du monde pour la 3e édition de la Transat Anglaise. Contraint à l’abandon sur l’édition de 1968 de la transatlantique, le trimaran surnommé la « pieuvre géante » ou « le court de tennis » révolutionne la course au large et enchaîne ensuite les records. La tenue des mâts-ailes étant difficile à mettre en œuvre, le « IV », dorénavant équipé d’un grément classique, pulvérise le record de la traversée de l’Atlantique entre les Canaries et les Antilles en décembre de la même année avant de participer à la Los Angeles – Honolulu en juillet 1969 hors course (les trimarans n’étant pas admis), deux jours avant les plus grands monocoques américains de l’époque. Le bateau passe ensuite entre les mains d’Alain Colas, l’un des équipiers d’Éric Tabarly. Ce dernier remporte la Transat Anglaise en 1972 et bat par la même occasion le record de l’épreuve avant de renforcer la structure et la stabilité avant des trois coques, au chantier où il a été construit. Alain Colas ayant « caphornisé » son bateau, il le renomme Manureva et boucle le tour du monde en solitaire par les trois caps en 1973. Cinq ans plus tard, il prend le départ de la première édition de la Route du Rhum mais disparait avec son trimaran le 16 novembre 1978 au large des Açores, alors qu’il est deuxième de la course.

Cap sur 2026

Avant de se lancer dans l’aventure, il a fallu « patiemment réunir les plans, les photos et les témoignages concernant Pen-Duick IV, comme le souligne Arnaud Pennarun, surpris par l’audace des choix technologiques de 1968 ». A ce stade, le marin chef d’entreprise travaille avec un organisme de certification et de calcul de structures afin de bien anticiper les enjeux de la construction à venir. « Nous avons opté pour une reconstruction fidèle de Pen-Duick IV, en prenant en compte les modifications réalisées entre 1968 et 1970 par Éric Tabarly, ainsi que certaines améliorations apportées par Alain Colas, précise-t-il. Pour démarrer cette construction qui permettrait de compléter la flotte patrimoniale des Pen Duick et faire revivre un monument de la course au large internationale, nous allons rechercher un ou des partenaires financiers désireux de se projeter sur un circuit de course au large moderne avec un trimaran de course qui, nous vous l’assurons, étonnera à nouveau par sa vitesse », conclut-il.

Le port d’attache de Pen-Duick IV sera bien sûr la Cité de la Voile Éric Tabarly à Lorient La Base.

Caractéristiques techniques de Pen-Duick IV
Constructeur : Chantiers et Ateliers de La Perrière à Lorient
Architecte : André Allègre
Matériau : aluminium
Longueur hors-tout : 20,80 m
Longueur à la flottaison : 19,50 m
Largeur : 10,70 m
Tirant d’eau : 2,40 m/0,80 m
Déplacement : 8 t
Surface de voilure au près : 107 m2

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