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La Réunion : Une île à découvrir… de l’intérieur !

Nous retrouvons Olivier Mesnier, un vrai baroudeur sur deux coques qui n’apprécie rien de plus que la vie en mer. En provenance de Rodrigues, il a fait le choix de faire escale à l’île de La Réunion plutôt qu’à Maurice. Ses motivations ? Une envie d’authenticité, mais également la saveur des retrouvailles pour notre Captain, qui a fait escale à Saint-Denis en 1974, lors de son premier voyage au long cours.

Nous renonçons à faire escale à Maurice, que je connais déjà bien. C’est une île superbe, mais le tourisme y est trop développé à notre goût ; nous avons peur qu’elle ne nous déçoive après notre séjour insolite à Rodrigues. Nous mettons donc le cap sur La Réunion, à 480 milles de Port-Mathurin. Petit temps prévu sur la route : les Volvo vont ronronner doucement pendant les 36 heures de la seconde moitié du parcours… Au sud de Maurice, un banc de bonites fera quelques milles avec nous, lançant des éclairs argentés autour du bateau. Mais pas moyen d’en capturer une ! Nous pêcherons une belle coryphène (1,60 m environ), qui se débattra comme une damnée sur la jupe arrière bâbord, se libérant de la flèche de l’arbalète qui l’avait harponnée, faisant passer le fusil à l’eau et simultanément dans la rubrique pertes et profits, en me laissant une cicatrice sur les phalanges du pied droit… Quelle énergie !

Les dauphins pour comité d’accueil 

Trois jours après notre départ de Rodrigues, nous croisons au nord de Saint-Denis. Nous sommes accueillis en baie de La Possession par le ballet gracieux des dauphins réunionnais et le souffle d’une baleine à bosse qui apprend à son baleineau les rudiments de la vie, avant le grand voyage initiatique vers les eaux froides du Grand Sud. Sans doute aussi doit-elle veiller à tenir à distance les grands requins qui, depuis quelques années, terrorisent les rivages du nord-ouest de l’île. Nous entrons à la nuit dans l’ancien port de la Pointe des Galets. J’aperçois la silhouette du Marion-Dufresne, le navire ravitailleur des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises). A la barre de notre catamaran, des souvenirs me reviennent en mémoire. C’était l’été 1974. Jeune élève-officier embarqué à bord du cargo Ville de Hambourg, pour mon premier voyage au long cours, nous étions entrés ici même après un voyage depuis l’Europe via le cap de Bonne-Espérance. La Réunion, à l’époque, était bien moins développée qu’aujourd’hui. Nous y débarquions toutes sortes de biens d’équipement en provenance de la France métropolitaine, des camions, des grues, des réfrigérateurs, des matériaux de construction, du mobilier, des outils, des pièces de rechange, des produits chimiques, des voitures, une multitude de caisses, de cartons, et quelques-uns des premiers conteneurs. Après quelques jours d’escale, une visite de l’usine sucrière du Gol, une invitation réservée aux officiers du navire au bal de la préfecture à Saint-Denis, et quelques bières descendues « Chez Paula », un établissement initiatique aux choses de la vie depuis longtemps disparu (comme sa tenancière), nous avions repris la mer pour Maurice, avec plus de 4000 tonnes de sucre de canne dans les cales, destinées à l’usine Béghin Say de Nantes. Depuis ma première escale à La Réunion, je suis revenu plusieurs fois sur l’île. C’est incroyable comme elle a changé. Nous nous faufilons dans l’ancien bassin des pêcheurs, devenu marina. C’est l’heure, la maîtresse de maison tente de nous préparer un dîner, mais c’est le moment que choisit la bouteille indonésienne de gaz de 15 kg embarquée à Bali pour rendre son dernier souffle ! Bien calculé, Captain, mais un poil juste ! Quelques dizaines de minutes plus tard, nos amis arrivent, et l’équipage quitte le navire avec une flopée de sacs, direction la maison californienne de l’Etang-Salé. Pas de volontaires pour rester à bord… Je reviendrai seul, le lendemain matin, au guidon d’une Honda XR 650 R « super-motard » qui déménage grave, faire les formalités d’entrée et recevoir à bord les Douanes, surpris de me voir seul à bord de ce grand catamaran. Je leur raconterai l’anecdote de la bouteille de gaz, et aussi ma lointaine escale. Ma barbe grisonnante et mes rides de marin chevronné achèveront de les rassurer, et feront passer pour acceptable l’absence de tout équipage à mes côtés…

 

La France au cœur de l’océan Indien

Lors de notre escale de pratiquement un mois sur l’île Bourbon, nous avons délaissé Jangada, amarré en sécurité dans l’ancien port de la Pointe des Galets, reconverti partiellement en une marina confortable, même si l’environnement de ce havre reste de type industriel. C'est-à-dire plutôt dénué de charme. Seul le Forban, le petit bar-restaurant de la darse extérieure, qui porte le fameux logo « La Dodo lé la », (le terme dodo désigne l’ancien grand oiseau – incapable de voler – endémique des Mascareignes, disparu aujourd’hui, mais attaché désormais à la principale bière de La Réunion, la Bourbon) et offre le free wifi à ses clients, apporte un peu de vie sur ces quais que l’animation d’antan a grandement désertés. Les Réunionnais les plus jeunes ou récemment installés vous diront que c’est l’un des quartiers les plus mal famés de La Réunion, mais je ne suis pas tout à fait d’accord. Auparavant, c’était bien pire. C’était un quartier portuaire « chaud », avec ses marins en piste, ses bistrots, ses bagarres, ses filles légères, et ses mâts de charge en mouvement actionnés par des treuils tout au long des shifts (vacations des dockers). Aujourd’hui, il n’existe pratiquement plus rien de tout cela. Le bourg du Port a été assaini, il est presque devenu propret, le port de commerce a déménagé plus à l’est en eaux profondes, du côté de La Possession. Les mâts de charge ont disparu, les treuils ne couinent plus, remplacés par des portiques à conteneurs sans charme. Bien sûr, le coin reste habité par les descendants de tout ce petit monde portuaire pas forcément sorti de la cuisse de Jupiter, mais parmi lesquels je me souviens d’avoir vu à l’œuvre, sur les ponts et dans les gréements des cargos long-courriers à bord desquels je naviguais alors, certains des meilleurs dockers du monde. Ils savaient tenir des cadences incroyables, en manipulant les leviers de treuils bruyants qui actionnaient les hauts mâts ou les lourdes bigues avec une incroyable virtuosité. Ils se faisaient un point d’honneur à être les dockers les plus efficaces de l’océan Indien, et rien ne leur faisait plus plaisir que l’instant où l’officier en fonction pendant les opérations commerciales que j’étais leur confirmait qu’ils avaient été un peu plus rapides qu’à Port-Louis (sur l’île Maurice voisine) et sensiblement davantage qu’à Tamatave (aujourd’hui Toamasina), le grand port de la côte est de Madagascar, juste en face.

 

Confort immobile

La vie trépidante de nos amis réunionnais nous a immédiatement absorbés. Dans leur maison d’Etang-Salé, nous renouons avec la modernité, le confort, l’espace. L’eau à profusion, le pain frais, le fromage, le bon vin, le grand frigo, la machine à café à capsules, les ordinateurs, les voitures, les jouets. Tout ce que nous avons laissé à notre départ de La Rochelle, et qui n’était guère différent. Les enfants sont aux anges. Ma compagne apprécie de dormir dans un grand lit immobile, avec une salle de bains juste à côté. Un autre monde que celui dans lequel nous venons de passer plusieurs mois, à bord de notre voilier au confort relativement minimaliste. Simultanément, si j’apprécie également ces retrouvailles avec les joies de la modernité, je n’oublie pas pour autant de me dire que c’est surtout parce que j’en ai été privé pendant des semaines... Cela relativise l’intérêt somme toute assez limité de la chose. Disons que, pour moi, sur la balance du mode de vie conjugué à mes meilleurs souvenirs, le confort associé à l’immobilité ne pèse pas très lourd face à une vie simple associée au grand voyage…

Ceci dit, à La Réunion, il n’y a aucun regret à avoir question bateau. L’île est un volcan qui tombe dans la mer. L’intérêt est sur terre, à l’intérieur surtout. C’est une île grandiose, qui gagne à être connue. On peut y pratiquer, dans un rayon géographique très court, à peu près toutes les activités, sauf celles liées à la neige. Et le brassage ethnique historique, qui n’a jamais cessé, a rendu l’île agréable de ce point de vue. La société réunionnaise n’est pas exempte de problèmes, mais globalement, c’est une île où il fait bon vivre.

 

Les charmes de Saint-Pierre

La ville de Saint-Pierre, sur la côte sud-ouest de l’île de La Réunion, ne manque pas de charme. Sauf peut-être en ce qui concerne la circulation automobile ! Le marché du samedi matin balise agréablement le rythme des week-ends. Il offre à nos yeux avides de produits frais quantité de légumes et de fruits, des jus en abondance, du bon pain frais, du poulet boucané, des samoussas, des glaces coco, de la vanille, du miel, des épices, et bien d’autres choses encore. Les étals d’artisanat, largement alimentés par les nombreux ateliers malgaches situés à quelques centaines de milles marins de là, font craquer Adélie, qui s’achète avec ses sous gagnés en Nouvelle-Zélande un petit baobab coloré adorable. Le front de mer est assez animé, quoique un peu à l’étroit entre les premières pentes de la montagne et le récif corallien qui rend parfois acrobatique l’entrée et la sortie du petit port. La houle venue du sud-ouest y brise violemment, y créant un ressac qui nous a fait renoncer à y amener notre catamaran, dont la largeur peut poser problème dans les petites marinas comme celle-ci. La seule place qui aurait pu nous être attribuée, contre le quai en dur côté ville, était trop exposée. Dommage, car il n’y a que des avantages à escaler ici plutôt qu’à la Pointe des Galets, sans compter que les tarifs concédés par la municipalité de Saint-Pierre sont bien inférieurs à ceux pratiqués par la Chambre de commerce de Saint-Denis qui gère la marina de la Pointe des Galets. L’environnement y est beaucoup plus sympathique, la marina est en centre-ville, les commerces et les bistrots sont à deux pas…

L’homme est probablement fait d’un certain nombre de contradictions. Je n’y fais pas exception. Je confesse que, moi qui ne porte guère dans mon cœur la société de consommation, l’impensable gaspillage qui va avec, et la vacuité de cette soi-disant notion de croissance obligatoire associée à cet invraisemblable étalage de richesses essentiellement non indispensables, je suis capable, surtout après un séjour de plusieurs semaines dans les îles perdues de l’océan Indien, d’arpenter consciencieusement pendant deux heures (sans rien acheter pour autant, mais en regardant tout !) les travées d’un hypermarché. Je suis toujours stupéfait de la capacité de l’homme d’aujourd’hui, tantôt bonne, parfois mauvaise, à imaginer et à créer, à l’aide de la technologie toujours plus efficace de notre temps, une multitude de produits et de sous-produits qui segmentent parfois le besoin, assez fréquemment l’envie, et plus souvent encore l’inutilité objective… Ce qui manque selon moi le plus à l’humanité, et en cela rien de nouveau depuis l’Antiquité, c’est bel et bien la philosophie, au sens du grec ancien du terme. C’est-à-dire l’attachement à la sagesse…

 

L’usine sucrière du Gol…

A 37 ans d’intervalle, je décide d’emmener mon petit équipage visiter l’usine sucrière du Gol, située près du bourg de Saint-Louis, sur la côte ouest. A La Réunion, la filière de la canne, c’est 12 000 emplois dans le secteur de l’agriculture, de l’industrie, des transports, de l’énergie et de la recherche, dont 3500 planteurs qui cultivent environ 25 000 hectares sur lesquels sont récoltés 1 900 000 tonnes de canne. L’île a deux usines, celle du Gol et celle de Bois-Rouge, qui produisent au total près de 200 000 tonnes de sucres (au pluriel, car il existe plusieurs qualités différentes) – premier producteur européen –, soit 85 % des exportations de l’île en volume, une « balance commerciale » cependant très déficitaire.

A La Réunion, la campagne sucrière débute mi-juillet et se termine en décembre. Un hectare de canne produit environ 8 tonnes de sucre. Une tonne de canne produit environ 110 kg de sucre. Des chiffres, oui, mais qui situent bien les choses. Si voyager, ce n’est pas découvrir et apprendre, mieux vaut rester chez soi, non ?

La canne récoltée par les planteurs est acheminée par tracteurs et remorques dans des centres de réception répartis dans les zones de plantation. Les « cachalots », ces gros camions verts bourrés ras la gueule de tiges de cannes fraîchement coupées, entrent alors en action sur les routes sinueuses de l’île. Ils assurent le transport de la canne entre les centres de réception et l’usine. La canne est alors déchargée dans la chaîne d’alimentation. Elle est défibrée, puis passe successivement dans plusieurs moulins de broyage, cinq au total, lesquels réalisent l’extraction du jus. Avant le dernier moulin, on procède à une injection d’eau chaude qui permet d’obtenir un effet de lavage de la canne, qui favorise l’extraction du maximum de jus de canne, et donc de sucre. En fin de cycle de broyage, on a obtenu deux produits : d’un côté le jus de canne brut, ou vesou, de l’autre la bagasse. La bagasse est le résidu fibreux de la canne dépourvu du jus qui en a été extrait. La bagasse est ensuite hachée puis utilisée dans les chaudières de la centrale électrique, où elle est brûlée pour produire de l’électricité. De l’autre côté, le jus est dégazé, épuré et décanté. Les résidus tombent au fond des bacs de décantation, d’où ils sont recyclés comme engrais dans les plantations. La phase suivante est l’évaporation. Le jus clair décanté et filtré est chauffé à la vapeur. L’eau s’évapore, et le jus devient alors un sirop. Intervient alors la première cuisson. Le sirop malaxé se concentre sous l’effet de la cuisson, on ajoute alors une poudre de sucre qui provoque la cristallisation. Le brassage de la pâte cuite favorise le grossissement des cristaux. Le passage dans les centrifugeuses sépare les cristaux de sucre de cette première liqueur. On isole ainsi le sucre A, de la meilleure qualité. Deux nouvelles cuissons de la liqueur résiduelle produiront respectivement le sucre B et le sucre C, à chaque fois de qualité moindre. L’usine du Gol produit du sucre, mais pas de rhum.

Il existe cependant plusieurs distilleries à La Réunion, qui produisent soit du « rhum traditionnel », soit du « rhum agricole ». Le rhum agricole est objectivement bien meilleur, puisqu’il est issu du jus de canne brut, alors que l’appellation « rhum traditionnel » dissimule joliment la réalité nettement plus basique du rhum industriel, issu de la mélasse, un produit résiduel pauvre. La production de rhum agricole est assez récente à La Réunion. Les qualités du terroir réunionnais et de la canne locale ne permettent pas d’atteindre la qualité incomparable des rhums antillais de la Guadeloupe et de la Martinique. On ne peut pas tout avoir…

 

Les requins attaquent par l’ouest

Les côtes réunionnaises sont peu propices à la navigation à voile, mais on y pratiquait avec bonheur le surf, la planche à voile, le kite surf et la plongée. Cependant, depuis une dizaine d’années, les choses ont changé, un danger a pris de l’ampleur… Les requins attaquent de plus en plus souvent à La Réunion, pour des raisons encore mal connues, que les chercheurs spécialisés essayent d’élucider. Quand on se documente un peu, on s’aperçoit que l’île de La Réunion détient le record mondial de dangerosité des attaques de requin, ou, si vous préférez, le plus haut taux de mortalité par attaque, soit 58 % ! A La Réunion, deux grandes espèces de requins, pas des plus sympathiques, rôdent autour du volcan qui tombe abruptement dans les eaux bleues de l’océan Indien. Les requins bouledogues, très dangereux, et les requins tigres, qui ne valent guère mieux. Ces deux espèces génèrent des animaux de grande taille, particulièrement redoutables quand ils passent à l’attaque. On retrouve l’une ou l’autre espèce dans la majorité des attaques recensées, près de 80 %. Requins bouledogues et requins tigres sont des opportunistes alimentaires. Ils mangent aussi bien des proies mortes que des proies vivantes : tortues marines, raies, phoques, poissons et, de temps en temps…, un spécimen du genre humain ! Les attaques de requin sont comptabilisées depuis 1980 à La Réunion. Auparavant, cinq cas d’attaques avaient été répertoriés de façon certaine. La moyenne, jusqu’à une période récente, était à peu près stable, une ou deux attaques par an. Mais depuis 2011, on recense une brusque augmentation des attaques autour de l’île. Que se passe-t-il donc chez les squales réunionnais ? La classification des attaques par activité des victimes est intéressante. Environ 40 % des victimes sont des surfeurs, des véliplanchistes ou des kite surfeurs. 30 % sont des baigneurs, ou des nageurs avec palmes, masque et tuba. 22 % sont des pêcheurs sous-marins. Et 10 % sont des plongeurs sous-marins avec bouteilles. Autre information statistique, la distance moyenne d’attaque par les requins est seulement de 35 mètres du rivage. Les squales ne sont pas loin !

La Réunion affiche le deuxième plus fort taux mondial d’attaques de requin rapporté au nombre d’habitants, derrière Hawaï, à égalité avec la Floride. L’Australie et l’Afrique du Sud sont loin derrière.

Heureusement pour l’île, elle a d’autres attraits à faire valoir que les activités aquatiques sur ses côtes. Marin a par exemple découvert la pratique du long board, une longue planche à roulettes sur laquelle ceux qui n’ont pas peur de se râper les coudes peuvent dévaler la pente d’une route goudronnée sinueuse et abandonnée, à l’ouest de l’île. Les activités sportives ne manquent pas, à La Réunion. Le terrain de jeu est idéal, et grandiose.

 

Une étrange chorégraphie insulaire

Fin octobre, un spectacle magnifique s’offre à nous. Pour y assister de plus près, nous sautons dans le bateau à moteur d’un ami, franchissons la passe sinueuse et étroite du petit lagon, et rejoignons l’aire de jeux des baleines en quelques minutes, à quelques encablures du rivage. Ce sont des jubartes, appelées plus fréquemment « baleines à bosse ». Les adultes mesurent une quinzaine de mètres en moyenne, jusqu’à 18, et pèsent de 25 à 40 tonnes. A la naissance, le baleineau mesure 4 à 5 mètres et pèse 1,3 tonne environ. La tête du mégaptère porte de nombreuses protubérances, caractéristiques de l’espèce. Les femelles mettent bas un seul baleineau tous les 2 ou 3 ans, après une gestation de 11 à 12 mois. Le baleineau, allaité pendant 5 mois environ d’un lait très riche, prend… 60 kg de poids supplémentaire par jour ! Il devra avoir acquis en quelques mois suffisamment de forces pour pouvoir entreprendre son long voyage migratoire et initiatique vers les eaux froides de l’océan Austral. Abusivement chassée pendant des décennies, depuis le XVIIIe siècle, l’espèce a été quasiment décimée, passant de plus de 150 000 individus à moins de 10 000 aujourd’hui... Les mégaptères, qui n’ont pas de dents, mais des fanons, se nourrissent de petits poissons nageant en banc et de krill dans les mers froides. Ils peuvent rester jusqu’à 30 minutes en apnée, et atteindre 200 mètres de profondeur. Séjournant dans les eaux polaires froides en été, les baleines à bosse rejoignent les eaux plus chaudes des tropiques en hiver, où elles se reproduisent et mettent bas. Un spectacle toujours magique, majestueux, et quelque peu mystérieux, que de voir ces grands animaux effectuer en surface ces gracieux mouvements de nageoires, et se lancer dans d’incroyables sauts qui se terminent irrémédiablement en un magnifique geyser d’éclaboussures…

Le 24 octobre, l’équipage regagne Jangada, un temps délaissé. Une semaine de remise en état du bateau, de CNED intensif et d’attente d’une bonne fenêtre météo pour appareiller vers l’Afrique du Sud. Pas de regrets, nous avons largement profité de la nature grandiose de l’île en partant randonner dans les cirques : Cilaos, Mafate et Salazie. La Réunion, ce fut une parenthèse, ô combien confortable et joyeuse !

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