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TOUR DU MONDE ALTERNATIF Quand on navigue en ville !

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Parfois, à seulement quelques milles ou juste un peu plus loin des "autoroutes du soleil", du nord au sud, d’est en ouest, il y a des villes, parfois tout un pays, qui méritent le détour, les bords de près, la mer hachée, les pieux plantés... Premiers choix, forcément subjectifs, de destinations décalées, originales, reculées, oubliées, rêvées, poétiques...

Tour du monde alternatif

La photo devant la Statue de la Liberté : un des musts des souvenirs d'un tour du monde. Encore faut-il aller naviguer jusqu'à New York !

Les grandes villes : magnifiques oubliées



Dans toute année sabbatique, retraite, précoce ou pas, voyage actif ou hédoniste, il y a quelque part une quête de sable blanc et de cocotiers. Mais l’être humain habite majoritairement – depuis 2006, d'après les statistiques – en ville. Architecture, vie culturelle, instinct grégaire, elles nous fascinent autant qu’elles nous repoussent. Aborder une mégapole côtière en bateau apporte un recul au délicieux goût de luxe. A la fois une distance rassurante et une issue de secours toujours disponible. C’est la possibilité de contempler à distance et sous un angle décalé, donc forcément privilégié, les plus beaux ou les plus mythiques des monuments. D’observer avec une certaine fascination, mais sans regret, le rythme effréné, la vie trépidante, bruyante de milliards d’êtres humains. Pour se réfugier le soir venu dans le cocon douillet du carré. Quel plaisir potache d’aller assister à des concerts au moyen improbable d’une annexe semi-rigide, de visiter les plus beaux musées, les expos les plus "tendance", chaussures de pont salées aux pieds. La liste n’est pas exhaustive, et je vous invite à nous envoyer vos idées, mais je vous livre quelques pistes du fond de mes rêves. New York en premier, bien sûr. Voir son mât par l’effet de perspective, tutoyer Verrazano Bridge. Se diriger vers Ellis Island et réussir le plus beau des virements de bord devant la Statue de la Liberté. Qui va dans l’annexe pour immortaliser l’instant ? Cliché ! Puis aller s’amarrer au pied des tours en plein cœur de Manhattan, comme les grands trimarans avant un record de la traversée de l’Atlantique. A l’autre bout du continent américain, tout au sud, il y a Rio : plages, musique, caïpirinha et beautés troublantes sont mondialement reconnues. Mais savez-vous que sa baie mythique abrite sans nul doute l’un des plus beaux clubs nautiques du monde. Il sera certainement difficile de s’y amarrer en 2016 lorsque la mégapole brésilienne accueillera les Jeux olympiques. Les épreuves de voile seront basées à un petit kilomètre de là, Marina de Gloria, sur la plage de Flamengo. Pourtant, le "Iate Clube Do Rio De Janeiro" est unique en son genre. Sis au pied du célèbre Pain de Sucre, à deux pas du sable doré de Copacabana, il occupe un ancien aérodrome. Une surface incroyable, une respiration, au cœur d’une ville pour laquelle le terme "pression démographique" a dû être inventé. Les hangars aux formes semi-ovoïdes, témoins du passé aérien du lieu, abritent aujourd’hui des armées de dériveurs, parfaitement alignés, verticalement, comme à la parade, pour autant de jeunes impétrants, rêvant de reproduire le parcours de la légende locale : Torben Grael. Salle de cinéma, piscines au pluriel, restaurant haut de gamme et terrasses ombragées aux colonnes blanches immaculées, la haute société Carioca se bat pour acheter le droit de faire partie des rares privilégiés à en profiter. Et quand vous serez saoulés du bruit, de la foule, des contrastes trop violents, vous n’aurez que quelques milles à faire vers le sud pour atteindre le Parc naturel d’Ilha Grande, pour vous ressourcer et vous repaître de nature luxuriante.
Entre les deux, d’un point de vue urbanistique et environnemental, il y a Sydney. Pas d’un point de vue géographique, bien sûr, car c’est un peu le bout du monde. En tout cas le bout du monde accessible sans trop de risque à la plaisance. Si la destination vaut par la passion des Australiens pour le multicoque, et donc entre autres par la possibilité d’y revendre son bateau dans de bonnes conditions, c’est aussi un endroit magique. La mondialement célèbre baie de Sydney n’usurpe pas sa réputation avec ses 240 km de côtes ! Si New York a Verrazzano Bridge et la Statue de la Liberté, Sydney a son Harbour Bridge et son opéra. Deux symboles architecturaux forts, l’un de la première moitié du XXe siècle, l’autre de la seconde. Mais au-delà des symboles, il y a le climat australien, soleil et vent, plan d’eau abrité, conditions idéales pour naviguer. Les régates ouvertes à tous y sont nombreuses, le soir en semaine ou le week-end, avec une particularité tactique locale : la gestion du trafic des bateaux-bus ! A Sydney aussi, le traditionnel feu d’artifice du Nouvel An, le départ de la course vers Hobart, et surtout les Australiens. A notre modeste connaissance, aucun autre grand pays ne fait autant l’unanimité quant à la gentillesse de sa population. En total contraste avec son Administration, tatillonne et protectionniste, les Australiens sont ouverts, accueillants, curieux, voyageurs, simples et avenants.

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... et quelle ambiance sur la plage de Copacabana, la mythique plage de Rio !

La vieille Europe regorge de villes à conquérir toutes voiles dehors. Sélection, forcément partiale et partielle, du sud au nord. Marseille et son pittoresque vieux port, dont l’entrée est désormais balisée de la magnifique façade dentelée du Mucem. Qui ne rêve d’aller s’amarrer au petit quai qui sépare l’œuvre moderne de Rudy Ricciotti au fort St-Jean ? Le jour, on monte à la Bonne Mère admirer la rade, bleu marine et blanche, balayée, purifiée par le mistral. On prend un verre à la Caravelle : vue imprenable sur le port et Notre-Dame de la Garde. On remonte jusqu’au marché de Noailles, s’emplir les poumons des saveurs et senteurs de toute la Méditerranée. Le soir, on va en annexe dîner au Vallon des Auffes. Ou, si vraiment la chaleur et la folie Marseillaise nous étouffent, on prend un peu de recul direction le Frioul ou les Goudes, étapes préliminaires aux délices des calanques. En Italie, c’est Venise qui recueille tous les suffrages. Et pas seulement des amoureux transis. Si l’accès aux « rues » les plus étroites et le passage sous les ponts les plus bas restent bien sûr réservés aux fidèles gondoliers, y a-t-il un moyen de transport plus adapté que le voilier pour aborder la Cité des Doges sur un rythme aussi parfaitement lent ? Avoir l’église St-Marc comme amer remarquable dans son balcon, voir défiler la place du même nom dans ses filières, puis s’amarrer à quelques encablures du Palais des Doges est un rêve… réalisable hors saison. Plus au nord, là où, en juin, si le soleil se couche, jamais sa lumière ne disparaît, on rêve de relier les deux "Venise" de la Baltique, Stockholm et Saint-Pétersbourg. 465 milles nautiques seulement séparent la belle suédoise de l’aristocratique russe. Quelques jours de navigation seulement pour relier la ville constituée de quatorze îles à l’ancienne capitale d’Empire. Mais aurons-nous suffisamment d’un été pour parcourir l’intégralité des villes d’Ingrid Bergman et de Pierre le Grand ?

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Tirer un bord devant la sérénissime Venise : le rêve de tous les amoureux du monde…

Sénégal : De St-Louis à Ziguinchor, Morgan Stanley du XXIe siècle

L’hiver venu, on mettra cap au sud. Plus qu’une ville, un peu à l’écart de la route, c’est tout un pays qui vous attend, un véritable coup de cœur, coup de foudre. Vous surprend. Gibraltar-Madère-Canaries, éventuellement Cap-Vert, et puis on file tout droit vers les Antilles pour fuir le froid qui envahit l’Europe ! Pourtant, à quelque 350 milles de Praïa (Cap-Vert), il est une destination à découvrir qui ne peut que vous inciter à attendre l’établissement, de plus en plus tardif semble-t-il, des alizés bénis qui vous emmèneront vers l’ouest. "J’aime les pays où l’on a besoin d’ombre", écrivait Stendhal. J’aime le Sénégal, porte d’entrée de l’Afrique de l’Ouest, une chance de toucher du bout de l’ancre ce continent noir méconnu. Si le pays n’échappe pas à l’insécurité inhérente à toutes nos sociétés modernes, notamment dans une grande ville comme Dakar, le Sénégal reste somme toute un havre de paix. Très rare exemple dans l’Afrique sub-saharienne, où les opposants deviennent présidents de la République par le fait d’élections libres et démocratiques. Surnommé le pays de la Teranga, il n’usurpe pas sa réputation. La Teranga, c’est "l’hospitalité" en wolof, langue que parlent 90 % des Sénégalais, en plus du français, langue officielle. Au nord, il y a Saint-Louis, la "Venise africaine" classée au patrimoine mondial de l’Unesco, à l’architecture comme figée dans le temps. A l’embouchure du fleuve Sénégal, la navigation peut y être scabreuse entre courants et bancs de sable, mais se prendre pour le Henry de Monfreid de l’Afrique occidentale, sillonner les paysages du magnifique film de Patrice Chéreau "Les Caprices d’un fleuve", au son de sa captivante musique, vaut bien de surmonter quelques écueils.
Au centre, en face, l’étouffante Dakar ; dans la baie du même nom, il y a l’île de Gorée, bien sûr. "Un endroit à voir au moins une fois dans sa vie", plaide le designer des DS Thierry Metroz. Symbole du drame de l’esclavage, y arriver, en faire le tour, la visiter, en repartir, libres, en bateau est une source d’émotion incroyable. Plus au sud, le Siné Saloum, puis le fleuve Casamance sont autant d’invitations à jeter nos montres et à prendre le temps. Embouquer le fleuve au petit matin, accompagné par les dauphins, faire halte à Karabane, remonter jusqu’à Ziguinchor, s’amarrer à la mangrove, se faire réveiller par le cri des singes, des oiseaux… Si la destination vous tente, n’hésitez pas alors à contacter l’association Voiles Sans Frontières, qui sera heureuse de vous confier, par exemple, du matériel scolaire à acheminer sur place. Une belle manière de naviguer "utile" et non pas "touriste", de tisser des liens incroyablement forts en partageant un quotidien d’un dynamisme insoupçonnable pour la plupart d’entre nous.

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Avec un peu de malice, on peut même mouiller dans Venise. Le top !

Voilà. Chez Multicoques Mag, on aime les routes de traverse. C’est comme ça. C’est dans notre nature, dans nos gènes, et sûrement un peu dans ceux de tous les amateurs de multicoques, anticonformistes par essence, non ? Alors, prochainement, nous aimerions vous emmener à l’île de Pâques, en Indonésie et aux Philippines, en Afrique du Sud et à Madagascar, en Argentine et au Chili. En Islande et en Terre de Feu. Vous en avez rêvé depuis la terre, ou avez eu la chance d’y aller en bateau ? Faites-nous partager vos expériences.

D’autres destinations atypiques qui ont marqué vos navigations ? Alors n’hésitez pas à adresser vos messages, témoignages et autres photos à redaction@multihulls-world.com

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Enfin, lors d'un voyage autour du monde, l'Afrique – et particulièrement le Sénégal – mérite une belle escale. Et vous pourrez même ainsi naviguer utile, en aidant l'association Voiles sans Frontières... (www.voilessansfrontieres.org)

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Après les somptueux lagons et les plages de sable blanc (ici, les Glorieuses – © Alamandas Boat), peut-être avez-vous envie de naviguer hors des sentiers battus ?

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En cata devant New York, ou comment profiter de la tranquillité du bateau la journée et de la trépidante activité nocturne que seules les grandes villes peuvent offrir.

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De l'avis de tous ceux qui y ont mouillé, la baie de Rio est l'une des plus belles du monde...

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Sydney – son opéra et la passion des Australiens pour le bateau en général et le multi en particulier – vous offrira une escale de rêve !

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Marseille, et son célèbre vieux port, est une escale magique pour tous les amoureux de la Méditerranée et de sa culture cosmopolite ! (© N. Claris – Lagoon)

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