Course au large

Chic et choque - Sam Goodchild : L’étoile (du multi) qui monte !

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S’il est bien né en Angleterre, comme son nom ne peut le cacher, Sam a de l’eau salée dans les veines, ou presque : il a vécu ses dix premières années à bord d’un bateau dans les Caraïbes. Le retour en Europe aurait pu être difficile… Au lycée, il s’inscrit à la British Keel Boat Academy, où il rencontre un certain Alex Thompson. A partir de là, tout s’enchaîne comme dans un rêve. Sam parle de chance, mais il en faut, de la conviction et du talent pour convoquer un tel destin. Avec Alex, qui devient évidemment son mentor, il enchaîne transatlantique et traversée du Pacifique. Le bac en poche à 18 ans tout juste, il devient le préparateur de Mike Golding pour le Vendée Globe 2008. Séduit par le milieu de la course au large française, son intime conviction est faite : ce sera sa vie. Pragmatique, Sam envisage d’abord de devenir préparateur, ou peut-être convoyeur. Peu importe, du moment qu’il reste dans ce monde de la voile qui le fascine. En 2010, Artemis lance un programme de détection pour courir en Figaro, et le jeune sujet britannique débarque au Centre d’Entrainement Méditerranée (CEM) de La Grande-Motte pour se former au monotype sous la houlette de l’excellent Franck Citeau. Quatre années pour faire ses gammes, tout en multipliant convoyages et transats Jacques Vabre en Class40. Quand il se penche sur cette trajectoire fulgurante, Sam sourit – une modestie non feinte. Il n’en revient pas d’être passé si vite d’apprenti mousse, en train de fixer les padeyes sur les voiliers d’Alex Thompson, à skipper de bateau de course. Une fée semble s’être définitivement penchée sur son baquet.

En 2014, ce n’est pas une fée qui lui téléphone, mais un certain Michel Desjoyeaux, lequel lui propose de venir naviguer avec lui autour du monde. Il croit d’abord à un canulard – et l’expérience Mapfre sur la Volvo Ocean Race tournera court. Mais le Professeur a indirectement semé la graine multicoque dans le cerveau de Sam. De retour prématurément à terre, il s’achète donc un F18 pour « apprendre » la pratique du multi, en se disant que ça lui servira bien un jour. Trois semaines plus tard, Brian Thompson l’appelle pour le rejoindre sur le Mod 70 Phaedo 3 ! Dès la première navigation, c’est la révélation. Impressionné au départ, il ne lui faudra pas trois jours pour prendre la mesure des folles vitesses (30-35 noeuds) atteintes par la machine. Trois années d’apprentissage accéléré plus tard, Sam est devenu un équipier (très) recherché. Il passera le même temps au sein de l’équipe Spindrift. Au programme : le maxi trimaran pour les tentatives de Trophée Jules Verne à 45-50 noeuds et le M32 sur le World Match Racing Tour. Outre l’expérience acquise à très haut niveau, le jeune skipper garde de cet épisode un immense respect pour le talentueux Yann Guichard et sa capacité à manager son équipe sur des supports aussi différents. Il rejoint ensuite Thomas Coville au lancement du nouveau Sodebo pour la Brest Atlantique, puis une première tentative de Trophée Jules Verne – interrompue aux Kerguelen, safran cassé. Une dernière expérience extrêmement enrichissante, avant de se voir confier en 2021 la barre de l’Ocean Fifty Leyton, auquel il se consacre maintenant à 100 %.

A écouter Sam Goodchild, il semble beaucoup devoir à la chance et aux « légendes » de la course au large qu’il a côtoyées – Alex, Brian, Mike, Mich, Yann, Thomas… Mais est-ce que ces marins et managers avertis n’ont pas plutôt décelé derrière le sourire de ce garçon affable un talent et une détermination sans faille ? Car Sam n’aime rien moins que relever les challenges difficiles, surtout ceux qui lui semblaient, encore il y a peu, impossibles. Comme gagner une transat en solitaire en trimaran ? 

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