‹ Retour destination

La Baltique - En Astus 24

Propriétaire d’un Astus 24 et basé à Bruxelles, Robert a décidé de s’offrir pour la deuxième fois une virée en mer Baltique, à 1 500 kilomètres de chez lui. Mais ce n’est pas par la mer qu’il a rejoint ce beau terrain de jeu : deux journées sur la route, une rapide mise à l’eau et c’est parti pour un (grand) tour de plus de 700 milles, seulement limité par le temps – six semaines, pas la météo !

« De Bruxelles à Oxelösund, nous avons roulé 1 500 km, presque exclusivement sur autoroutes. Ces dernières ne sont pas payantes – ni en Allemagne, ni au Danemark. En revanche, il faut prendre le ferry au nord de Hambourg : 50 minutes de traversée. La réservation n’est pas obligatoire : il y a des ferrys toutes les 30 minutes (nuit et jour). Préférez un billet combiné Puttgaarden (D)- Rodby (DK) et Helsinborg (DK) - Helsingors (S) ou le pont de l’Öresund entre Copenhague et Malmö – un détour de 100 km qui vaut la peine d’être parcouru au moins une fois. C’est la remorque qui coûte le plus cher (en fonction de la longueur). Comme le trajet est long, j’ai fait une étape avant Copenhague au petit camping Tangloppen, à proximité d’une ligne de métro qui en 25 minutes vous amènera au centre de Copenhague. Vous pourrez y visiter les incontournables : Petite Sirène, vieux port… ou aller à la plage (sable fin) à 5 minutes à pied. Sur la route entre Malmö et Oxelösund, plus précisément entre Ljungby et Värnamo, l’autoroute se transforme en route à 3 voies : on y traverse de magnifiques forêts et on y trouve de bons parkings bien aménagés au milieu des bois. Nous avons trouvé une mise à l’eau publique à Oxelösund (4 mètres de large) avec possibilité de laisser voiture et remorque chez un shipchandler à proximité. Nous avons payé 70 € pour 2 mois de gardiennage !

Pourquoi Oxelösund en Suède ? Certes, ce n’est pas la plus belle des bases de départ : le port de plaisance est en face du port industriel. Mais Oxelösund n’est qu’à une journée de navigation de Nyköping, ville desservie par un aéroport. Il est donc facile et peu coûteux d’y faire ses changements d’équipage. Une autre possibilité : mise à l’eau à Motala, au club nautique. La cale est plus large (5,25 m) et on a également la possibilité de déposer voiture et remorque en toute sécurité au parking du club nautique. Le personnel du club est très aimable. La dernière fois, je n’ai rien payé pour 45 jours de parking. En revanche, la mise à l’eau à Motala implique de parcourir le canal Göta pour arriver à la Baltique. Un très beau parcours sur un canal datant de 1900 entrecoupé de lacs et d’écluses (37). Le trajet est réalisable en 3 à 5 jours – parfait si vous avez du temps.


La côte suédoise de la mer Baltique recèle de petits ports parfaitement abrités.

Cap sur la Lettonie via Gotland

Au départ d’Oxelösund, nous sommes descendus le long de la côte suédoise, entre les îles. Notre premier but était l’île de Gotland, située à mi-chemin entre la Suède et la Lettonie. Nous y sommes restés trois jours au port de Farösund en attendant une fenêtre météo propice pour la plus grande traversée du séjour : près de 90 milles nautiques que nous avons parcourus sur une longue journée pour rallier Ventspils, en Lettonie. Il s’agit d’un port industriel (charbon et pétrole) doté d’un nouveau port de plaisance en cours d’aménagement un peu à l’écart. La ville est pleine de contraste : la vieille ville, encore très soviétique, rivalise avec les nouveaux quartiers, plus européens. Un avantage : la vie n’est pas chère.

En ce qui concerne la navigation, j’ai des cartes Admirality à grande échelle pour la traversée entre la Suède et l’Estonie (en plus de mes cartes Garmin de mon GPS), mais à l’usage, je me suis aperçu qu’il me manquait quelques morceaux. J’ai découvert qu’il était possible de se connecter via Internet sur mon iPad et de suivre en temps réel ma position : l’Estonie, bien connectée au niveau de la 4G, dispose de cartes marines numériques accessibles gratuitement : super ! Nous sommes ensuite remontés vers Tallinn, en Estonie justement ; cinq étapes liées à la météo ont été nécessaires : Ventspils - Montu (41 milles), Montu - Kuivastu (67 milles), Kuivastu - Haapsalu (41 milles), Haapsalu - Dirhami (21 milles) et enfin Dirhami - Tallinn (46 milles). Les ports sont souvent tout neufs et peu fréquentés.


Autour de 60° Nord, la nuit reste très courte en été...

Navigation de nuit vers Tallinn

Notre routeur (Weather 4.0) et les fichiers GRIB du jour nous ont proposé un départ à 22h00 pour arriver au petit matin à Tallinn – c’est là que nous avions donné rendez-vous à nos amis français. La nuit fut courte, et les paysages magnifiques. La capitale de l’Estonie ne nous a pas déçus – la vieille ville pavée et entourée de ses remparts, l’hôtel de ville gothique et la fameuse église Saint-Nicolas sont magnifiques. Mais il est préférable de prévoir la visite tôt le matin, avant les nombreux touristes débarqués par les croisiéristes.

Le 24 juillet, nous nous sommes lançés pour une traversée d’une capitale vers une autre : les 46 milles de Tallinn à Helsinki ont été bouclés en 9 heures par un temps beau et chaud. On a même visité la capitale finlandaise sous un soleil de plomb et 28°C. Au programme, la cathédrale luthérienne, la cathédrale orthodoxe Ouspenski, l’église Temppeliaukio, le marché d’Helsinki où on achète le saumon du soir.

Nous sommes repartis ensuite vers Turku, au nord-est des îles Öland, en cinq étapes : Helsinki - Barösund (39 milles), Barösund - Jussarö (13 milles), Jussarö - Hanko (21 milles), Hanko - Portnasset (34 milles) et Portnasset - Turku (30 milles). La météo ? Changeante… on a eu du temps chaud et peu de vent, parfois des conditions plus musclées. Nous avons navigué entre les îles, dans des chenaux balisés à la « scandinave », soit des petites perches cardinales fort discrètes… Heureusement, l’usage de cartes précises, un point régulier et un bon GPS avec cartes nous ont permis de naviguer sereinement au milieu des cailloux ! Turku nous a beaucoup plu : cette ville du 13e siècle est traversée par la rivière Aura. A visiter : le château médiéval de Turku, le musée de l’artisanat Luastarinemäki et la cathédrale datant de l’an 700.


Tallinn, capitale et centre culturel de l’Estonie.

De la Finlande vers la Suède

Le temps est vite passé ; nous avons repris la route vers Stockholm. Nous avons navigué littéralement au milieu d’un chapelet d’îles. Chaque soir, nous préparions la route, partagés entre les cartes papier, le tracé sur le GPS et le routeur. Ce dernier, au travers des simulations, nous permettait de partir à la meilleure heure possible et dans de bonnes conditions. En quatre jours, nous avons rejoint la côte suédoise : Turku - Nagy (20 milles), Nagu - Jungfruskär (31 milles), Junfruskär - Foglo (26 milles) et Foglo - Kapellskär (46 milles). Cette dernière traversée fut mouvementée avec des vents de 25 à 30 nœuds et des creux jusqu’à deux mètres. Avec un ris et malgré notre équipage de quatre personnes – sans évoquer notre chargement -, nous avons fait des pointes à 10 nœuds. Nous avons passé encore cinq jours à caboter dans l’archipel de Stockholm, dans des zones plus abritées. Début août, les ports se vident petit à petit, le temps change ; parfois, nous avons subi une averse ou un orage. Nos traites sont devenues plus courtes : Kapellskär - Husarö (22 milles), Husarö - Ingmarsö (4 milles), Ingmarsö - Grinda (15 milles), Grinda - Vaxholm (9 milles) et enfin Vaxholm - Stockholm (10 milles). Le rythme a sérieusement ralenti : nous avons pris le temps de vivre !


Dirhami : une belle plage de sable fin, parfaite pour lézarder !

Bien à l'abri sur la côte suédoise

De Kalmar à l’archipel de Stockholm, il y a des centaines d’îles, de chenaux, de réserves naturelles et de mouillages forains. On trouve de ravissants petits ports bien équipés tout au long de la côte. J’ai découvert qu’il existait une série de guides malheureusement uniquement en suédois, reprenant par exemple pour la côte ouest pas moins de 376 ports et mouillages forains. Encore une fois, le tandem GPS et cartes ont fait merveille. Il nous était facile de préparer l’itinéraire la veille et de naviguer au milieu des cailloux. Les petits mouillages forains sont idéaux avec un trimaran comme le nôtre : 1,50 m dérive basse et 50 cm dérive relevée. Les Suédois disposent souvent d’une ancre arrière et d’une longue sangle sur enrouleur. A l’avant, on prépare une amarre (la prévoir suffisamment longue) pour s’amarrer soit sur un anneau, soit sur un tronc d’arbre. Après la visite de Stockholm, nos amis ont repris l’avion. Nous nous sommes donc (re)trouvés à deux pour rejoindre notre port de mise à l’eau, Oxelösund. Nous avons quitté la capitale suédoise par le canal de Södertaltje afin de nous abriter du vent qui soufflait sur la côte. En août, le temps change, mais les paysages restent sublimes : alternance d’averses, d’éclaircies, de grains, de coups de vent et d’accalmies. Il était temps de terminer notre périple ! Nous avons opté pour le canal Trollhatten : en trois jours, les 92 milles sont parcourus : Stockholm - Rastaholm (19 milles), Rastaholm - Skansholm (21 milles) et enfin Skanholm - Oxelösund (53 milles). Derniers moments magiques d’une belle croisière de six semaines…


Robert de Thibault à la barre de son Astus 24.


 

Sur la route avec Robert!

Tracter un trimaran de 850 kg lège, c’est en réalité atteler a minima 1 300 kg à son véhicule – 350 kg de remorque et minimum 100 kg d’armement. Et pour Robert, l’armement, c’est plutôt 300 kg !


Le poids total tracté par Robert tutoie les 1 500 kg.

Tracter une telle charge impose de disposer des permis ad hoc, d’un véhicule puissant et lourd, et bien sûr d’adopter une conduite aussi prudente que souple. La nuit, vous pouvez dormir dans votre multicoque, ou dans votre véhicule s’il est équipé. Cette seconde option est souvent plus simple, car l’accès au bateau n’est pas forcément très facile – mât sur le capot, hauteur sur la remorque et encombrement à l’intérieur par le matériel. Reste le mix, validé par Robert : « Pendant le trajet, mon copilote dormait à bord du minibus, et moi, le chauffeur, dans la couchette du carré de l’Astus. A l’intérieur, il y a les voiles, la bôme, et tout le reste dans la cabine avant et sur la couchette bâbord. Tout ce qui est lourd (moteur, BIB et frigo) se trouve dans le minibus. »


 

Focus Navigation Météo - La mer Baltique en été

Située au nord de l’Europe, la mer Baltique baigne de nombreux pays : la Suède, la Finlande, la Russie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, l’Allemagne et le Danemark. Le plan d’eau est immense : 364 800 km2 et 7 200 km de côtes – alors qu’aucune traversée ne peut dépasser 135 milles. L’eau est peu salée – 10 g/l, contre 40 en Méditerranée. L’hiver, les eaux des golfes au nord du 58e parallèle peuvent geler… C’est évidemment l’été – plus précisément en juin, juillet et début août – que la Baltique se fait accueillante. Pour commencer, la température de l’eau atteint 12 à 15°C du nord au sud, voire 20 dans les baies les moins profondes. Ensuite, la durée du jour dépasse les 18h30 sur 24 à Stockholm vers le 21 juin. Et pendant la très courte nuit, il ne fait pas vraiment noir – parfait pour naviguer à toute heure !

Quant aux températures du mois de juillet, avec des minima moyens de 15°C et des maxima de 24, elles sont dignes d’un mois de mai à Annapolis – ou juin à Venise… Cette zone centrale de la mer Baltique choisie par Robert est de plus relativement sèche – 500 mm de pluie par an. Les courants sont faibles et la marée négligeable – une vingtaine de centimètres. L’été, le vent est rarement tempétueux et les calmes rares – sauf dans les golfes encaissés. Le vent dominant est de secteur sud-ouest.

La mer est le plus souvent maniable, sauf dans les zones ouvertes, où le fetch peut être important.

 

Une série de guides recense pas moins de 376 ports et mouillages forains sur la côte ouest de la mer Baltique – mais ils sont rédigés en suédois.

 

 

 

Partagez cet article